. L’écriture latine en réseaux. Enquête sur les conditions socio-stylistiques d’expansion des courants d’écriture latine (Italie-Europe, Ve-XVe siècle)


Axe 5. Savoirs et innovations techniques


Responsables : Benoît Grévin (CNRS - LAMOP, UMR 8589), Monique Goulet (CNRS - LAMOP, UMR 8589), Fulvio delle Donne (Università della Basilicata), Clémence Revest (CNRS)


Ce projet naît du désir de rapprocher des recherches menées indépendamment ces dernières années par des historiens et des latinistes, au long d’un arc temporel qui s’étend de l’Antiquité tardive jusqu’à l’époque moderne. Le point commun de ces recherches est de dépasser l’approche traditionnelle, philologico-littéraire, de l’histoire du latin médiéval et renaissant, pour étudier ses mutations tardo-antiques, médiévales et modernes, dans une optique à la fois socio-stylistique et historique. Les vingt dernières années ont vu un renouvellement des études latines passant notamment par une meilleure compréhension sociolinguistique des dynamiques du haut Moyen Âge, mais également par une réécriture de l’histoire de l’humanisme contournant l’approche littéraire pour proposer une modélisation socio-stylistique de l’expansion des latins renaissants. Entre ces deux pôles, les travaux sur l’expansion de la rhétorique du dictamen (XIe-XIVe siècle) et sur les pratiques d’écriture carolingiennes et post-carolingiennes (VIIIe-Xe siècle) ont également progressé dans cette direction, tout en ne faisant pas encore l’objet d’essais de synthèses aussi nombreux. Cette dynamique d’études se heurte en effet encore et toujours, malgré ses renouvellements, aux difficultés de collaborations entre historiens, historiens du langage, philologues et littéraires qui sont le propre des études médiolatines. Au centre de ces différentes avancées se retrouve toujours la question cruciale de la reconstitution des réseaux sociaux, porteurs supposés des vagues successives de renouvellement des pratiques d’écriture latine à travers l’espace et le temps. Le déplacement de l’attention de figures isolées vers une meilleure compréhension des conditions d’ensemble de ces mutations stylistiques conduit à s’interroger sur la possibilité de reconstituer le mécanismes à la base de la diffusion de courants d’écriture qui scandent les étapes de cette histoire millénaire. L’étude des réseaux d’écriture de la latinité précieuse du Ve-VIe siècle ; des configurations socio-institutionnelles porteuses de la « renaissance » carolingienne des VIIIe-IXe siècle ; des réseaux des notaires-juristes diffuseurs des techniques de l’ars dictaminis au XIIe-XIIIe siècle ; des dynamiques sociales de diffusion des pratiques humanistes… ne suggère pas seulement les étapes d’une histoire au long cours. D’une part, l’articulation entre ces différentes redéfinitions du vecteur linguistique le plus important du Moyen Âge demande à être précisée, ou réécrite. L’approche de la « réforme » stylistique carolingienne est ainsi en plein renouvellement, à la faveur de travaux qui tendent à montrer qu’elle ne rompt pas avec les techniques de l’âge mérovingien aussi brutalement, ni aussi rapidement qu’on ne le pensait naguère. De manière analogue, l’articulation entre les pratiques d’écriture caractéristiques de l’ars dictaminis classique et postclassique (générations de Brunetto Latini et Dante) et le décollage de ce que l’on a longtemps appelé le « pré-humanisme » fait de nouveau l’objet de débats heurtés. Il est donc fondamental de redéfinir les frontières, mais aussi les passerelles entre ces différentes dynamiques en les envisageant réciproquement, et non plus seulement par le biais d’études monocentrées qui ont visiblement souvent conduit à déformer la perception historienne de ces mouvements en réduisant l’importance de leurs interactions.

- Cette redéfinition des frontières (ou des zones d’interaction) entre les dynamiques d’expansion stylistique, pour fondamentale qu’elle soit, ne sera pourtant pas l’acquis principal de cette série d’ateliers. La réunion de ces diverses scansions forme en effet autant de supports pour une réflexion comparative qui permettrait de préciser l’articulation entre la formation d’un milieu, sa traduction idéologique et stylistique, et les conséquences qui en découlent sur la diffusion des pratiques d’écriture à l’échelle européenne. Cette étude comparative vise également à donner les moyens à l’historiens de mieux cerner la spécificité des problèmes méthodologiques inhérents à l’étude de ces diffusions réticulaires en fonction de l’état des sources et du cadre socio-historique et culturel de chaque époque : de la très faible densité des sources conservées au haut Moyen Âge à la surabondance documentaire de l’Italie humaniste, en passant par les difficultés d’articulation des sources diplomatico-notariales et littéraires de l’ars dictaminis, c’est aux cadres mêmes de reconstitution de ces dynamiques que la comparaison entre leurs différentes études suggère de réfléchir.

- La question des « réseaux d’écriture latine » ne se réduit cependant pas à une tentative d’améliorer la compréhension des modalités de diffusion de ces courants, célèbres ou méconnus, en mettant en relief les différences des approches pratiquées. Elle recoupe également l’étude d’une dialectique qui place de manière répétée l’Italie au centre d’un mécanisme de conservation-diffusion de savoirs stylistiques, réélaborés dans la péninsule pour être exportés au niveau européen. Si la Renaissance carolingienne, ou celle du XIIe siècle, sortent en partie (mais pas totalement) de ce schéma, le maintien et la diffusion des courants d’écriture de la latinité précieuse du VIe siècle ; du dictamen au XIIe-XIIIe siècle ; de l’humanisme au XIVe-XVe siècle, rappellent que l’étude des rapports dialectiques entre le laboratoire italien et le reste de l’Europe gagne à ne pas être envisagée du point de vue de la diffusion des pratiques d’écriture latine sous le seul angle de la « dernière » renaissance, la plus connue d’entre elles. L’étude des ramifications européennes de réseaux d’écriture latine dont le centre de gravité se trouve en Italie participe d’une tentative de rationaliser un phénomène trop souvent perçu à travers les seules logiques d’exaltation de l’humanisme qui conditionnent, nolens volens, la représentation que nous nous faisons de ces mécanismes de diffusion stylistique. Mettre en perspective les différents « réseaux d’écriture latine » permettra d’éviter cet écueil en faisant d’un objet d’histoire littéraire un véritable objet d’étude historique.

- Une scansion ternaire, abordant successivement un Haut Moyen Âge plongeant ses racines dans l’antiquité tardive de la latinité précieuse pour s’étendre jusqu’aux temps post-carolingiens ; un Moyen Âge central et classique couvrant l’expansion et la rétractation du dictamen (fin XIe-début XVe s.) ; enfin une ère du pré-humanisme et de l’humanisme s’étendant au deux derniers siècles du Moyen Âge (fin XIIIe-fin XVe s.) permettra de respecter les logiques chronologiques de cette histoire en réseaux, tout en favorisant la démarche comparatiste. La contraction progressive de l’espace chronologique, correspondant à la multiplication des sources, permet de corriger partiellement le déséquilibre documentaire entre les trois scansions du cycle.


Calendrier des opérations


Résultats attendus

La série d’ateliers débouche sur la confection et la parution d’un livre collectif dans la CEF qui ne prend pas la forme d’actes, mais est structuré et retravaillé par une équipe restreinte pour former un véritable essai de synthèse sur les réseaux socio-stylistiques médiolatins. Des publications électroniques de chaque journée sont éventuellement réalisées pour être versées sur le site du LAMOP (dans la série Cahiers Électroniques d’Histoire Textuelle) ou des Mélanges de l'Ecole française de Rome (MEFRM).


Partenaires institutionnels

  • Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris (LAMOP, UMR 8589)
  • Università della Basilicata
  • Istituto Storico Italiano per il Medioevo


Participation EFR

Partenaire principal ; organisation des ateliers ; éditeur


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Contacts :

 

Prochaines manifestations et actualités

PROGRAMMES

Programmes structurants (2022-2026)

Axe 1 – Espaces maritimes, littoraux, milieux insulaires

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets financés par l'Agence nationale de la Recherche (ANR)

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projet franco-allemand financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets européens (Horizon 2020)

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

Projets Impulsion

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

 

 
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