. L’homme comme animal politique et parlant dans le contexte politique italien au Moyen Âge


Axe 4. Le laboratoire politique et social italien

 

Responsables : Gianluca Briguglia (Marie Curie Fellow de l'Union Européenne à l'EHESS de Paris) ; Sonia Gentili (Université de Rome « La Sapienza ») ; Irène Rosier-Catach (CNRS, EPHE)


Le projet est né de la rencontre de chercheurs qui, à partir d’approches différentes, convergeaient sur le thème de “l’homme comme animal politique et parlant”, à partir de formations différentes, littérature italienne, philosophie politique, histoire, philosophie du langage. Plusieurs sources antiques servent à penser cette question de la “socialité” de l’homme, et du rôle particulier du langage dans cette socialité : la Politique d’Aristote, qui n’est connue que tardivement en Occident, après l’Ethique qui joue un rôle important, plusieurs textes de Cicéron, Augustin et particulièrement son De civitate Dei. Des sources médiévales s’y ajouteront, Avicenne notamment, donnant une dimension naturaliste au questionnement, que l’on retrouve par exemple dans les questions naturelles d’Albert le Grand sur la socialité de certains animaux. La question, qui traverse la pensée politique bien au-delà du Moyen Age, est de déterminer si l’homme est “par nature” un animal social, si, à l’origine, il est une sorte de bête qui devient à un certain moment civilisé et social (cf. De inventione de Cicéron), ou s’il est un être parfait (mais a-social), qui du fait qu’il a fauté se voit condamné au remède qu’est la socialité (Augustin). L’on voit ici le conflit qui traverse l’ensemble de la pensée médiévale, avec une théorie comme celle d’Augustin qui assigne à l’homme deux “natures” en raison du péché originel, et celle d’Aristote qui ne lui assigne qu’une seule nature. Pour ce qui est de la perspective augustinienne, il est intéressant de penser les traits qui caractérisent l’homme quant à sa nature sociale avant / après le péché originel, mais aussi, ceux qui le caractérisent quand à son fonctionnement linguistique avant (langue d’Adam)/ après (langue vulgaire). Par ailleurs, les réflexions médiévales font ressortir la difficulté de la question, puisqu’il s’agit de déterminer si cette “naturalité” se résout de façon identique pour tous les degrés de la vie civile, la famille, le quartier, la ville, le royaume, l’Empire – difficulté traduite dans la diversité du vocabulaire (politicum, civile, sociale, communicativum, coniungale) ? L’autre face de la question apparaît dans les discussions, issues de l’Ethique et de la Politique d’Aristote, posées par les êtres qui sont en-dehors de – mais de quoi, la cité, la ville, ou la vie sociale ? – dans le premier cas on pourrait y trouver les paysans (rustici), mais dans l’autre les ermites ou les saints.

Le contexte italien s’avère particulièrement intéressant pour confronter ces différents modèles anthropologiques. Le modèle cicéronien est important pour les cités italiennes, et il s’agit alors d’un modèle « laïc », où la question théologique du péché n’intervient pas. La relation entre rector et rhetor, entre faculté politique et faculté oratoire, popularisée par la Rettorica de Brunetto Latini à partir de Cicéron, et développée par les intellectuels des « communes » d’Italie en est un indice majeur. C’est en Italie, en effet, que l’on a les premières analyses en vulgaires de ces questions de la socialité. Le travail, complexe et multiple, autour de l’Ethique d’Aristote, réalisé entre Bologne (l’ Etica di Aristotele in volgare de Taddeo Alderotti , traduction du résumé de la Summa Alexandrinorum, résumé de l’Ethique) et Padoue (révision de la Summa Alexandrinorum dirigée par Engelbert d’Adomont) fonde, dans la langue et la littérature italienne, le lexique politique et celui de la philosophie morale, et devient la source constante des grands auteurs, du Convivio de Dante à la Vita solitaria de Pétrarque. L’idéal dantesque de l’homme comme animal politique et parlant chez Dante, devient la cible et l’objet de la réfutation de Pétrarque, qui marque la crise du modèle intellectuel scolastique, fondé sur la vie ‘aristotélicienne’, citadine et universitaire, au sein d’une collectivité urbaine, qui se voit repoussée au profit d’une vie solataire et « augustinienne ».

L’un des points majeurs des travaux de notre groupe consistera à confronter les œuvres en latin et en vulgaire, qui s’intéressent aux mêmes thèmes, dans leurs multiples dimensions, à la fois spéculative et philosophique, et concrète en engagée. Parmi ces œuvres, figurent celles de Brunetto Latini, mais aussi l’influent De regimine principum de Gilles de Rome, qui circula en plusieurs langues au Moyen Age, ou encore le Novellino. Il faudra prendre la mesure des transformations lexicales et conceptuelles opérées dans ces traductions ou adaptations (exemple des termes correspondant au latin politicum, curialitas, nobilitas etc.). Il s’agira d’œuvres relevant de genres littéraires différents, commentaires, opuscules, traités, résumés, poèmes, d’où l’intérêt de constituer un groupe interdisciplinaire, regroupant des spécialistes de philosophie politique ou de philosophie morale, des italianistes, des linguistes, des historiens.


Partenaires

  • Université de Rome 1 – La Sapienza
  • EPHE


Opérations prévues

  • séminaires périodiques à l’EFR qui pourront être validés dans les cursus des étudiants de l’Université Rome 1 La Sapienza
  • 2013-2015 : trois tables rondes
  • 2016 : un volume de synthèse dans la CEF


Partenariat EFR

Support logistique et institutionnel ; éditeur


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PROGRAMMES

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Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets financés par l'Agence nationale de la Recherche (ANR)

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projet franco-allemand financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets européens (Horizon 2020)

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

Projets Impulsion

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

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Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

 

 
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