. Kouass

Présentation :

La dernière campagne de fouille du programme en cours sur le site de Kouass aura lieu en 2012. Dans la continuité des années précédentes, les fouilles porteront sur la zone dite de la butte, qui abrite le coeur de l’agglomération préromaine, sur le secteur 1 et le secteur 3 situés au sud et au nord de la butte. Dans le secteur 1, des niveaux d’occupation datables des Ve-IVe s. av. J.-C. ont été mis au jour et apportent une documentation tout à fait inédite sur l’ouverture de l’établissement aux courants d’échanges avec la Méditerranée (importations attiques, du Levant ibérique, de Sicile), ainsi que sur le mobilier céramique de production locale ou régionale, particulièrement abondant et diversifié. L’objectif sera notamment de préciser la datation et la fonction d’un dallage constitué de grandes dalles de calcaire, celles de structures de briques crues dans la partie méridionale de l’espace 19 et celles d’un mur d’1,50 m d’épaisseur ceinturant la partie sud de l’espace 11. La fouille du secteur 3, avec une occupation du Ier s. av. J.-C. sera poursuivie avec comme objectif d’atteindre les niveaux des IIIe-IIe s. av. J.-C., encore peu documentés dans le cadre du programme quadriennal. Il s’agira aussi de dater les structures présentes au nord-est de ce secteur, pour lesquelles on ne dispose d’aucun élément chrono-stratigraphique. L’analyse architecturale des structures, débutée précédemment avec le relevé d’une première série d’élévations par photogrammétrie, en complément des plans et des coupes, sera poursuivie, en vue d’élaborer une typologie permettant par la suite de cerner l’évolution de l’organisation urbanistique dans les différents secteurs.

L’année 2013 sera consacrée à une campagne d’étude du très abondant mobilier, céramique en
particulier, recueilli depuis 2009, dans les réserves archéologiques de l’INSAP à Rabat. Cette étude a notamment pour enjeu la connaissance des productions locales (conteneurs et vaisselle de table en céramique) qui s’avèrent prédominer largement dans les strates archéologiques du Maroc préromain. L’étude des faciès dans les différents contextes archéologiques identifiés à Kouass servira donc de support à l’élaboration des premières typo-chronologies de référence pour le mobilier de production locale. En parallèle, la restauration d’une parure de bijoux de tradition phénico-punique composée principalement d’objets en or, en argent et de plus de 500 perles de colliers (en argent, cornaline, corail et pâte de verre) sera effectuée par une spécialiste du traitement des métaux. L’équipe s’attachera également durant l’année 2013 à préparer la publication des résultats, en effectuant un bilan de la documentation recueillie, basé sur les rapports des différentes campagnes de terrain.

A partir de 2014, les recherches viseront à vérifier l’existence d’une fortification, que signalent plusieurs indices récoltés durant les campagnes de fouilles 2009-2011, au moyen de sondages ponctuels à l’emplacement des anomalies détectées par les prospections magnétiques. Par ailleurs, les fours de potiers préromains décrits par M. Ponsich - lesquels ont valu à l’établissement d’être reconnu comme un comptoir industriel d’importance - n’ont pu être documentés depuis 2009 au centre de l’agglomération. La mission devra donc s’attacher à localiser d’éventuels vestiges de fours en périphérie du site. Des sondages ponctuels pourront être entrepris sur la base des résultats des prospections magnétiques qui révèlent en bordure du site une série d’anomalies ponctuelles. La mission fera parallèlement appel à une équipe de géomorphologues et de géologues afin de résoudre la question de la localisation du port et de l’accès à la mer. Cette problématique est liée à la mention, dans le périple de Scylax, au VIe s. av. J.-C., d’un large golfe, que plusieurs études incitent à situer dans la région de Kouass, et au centre duquel se trouvait la ville de Pontiôn. Il s’agit désormais de vérifier l’existence d’une lagune au NE et, le cas échéant, de démontrer que cette entrée des eaux maritimes était navigable dans l’Antiquité. Ces travaux
seront menés sous la conduite des géomorphologues de l’Université de Safi, qui collaborent avec notre équipe depuis 2010 et qui s’attachent actuellement à compiler des données d’ordre bibliographique, hydrologique (apport de l’oued et de la mer, charge des sédiments et vitesse de sédimentation), des cartes géologiques et géomorphologiques, des photographies aériennes (échelonnées dans le temps).
Cette documentation sera indispensable au choix de l'emplacement des carottages qui devront être
effectués en vue des analyses stratigraphiques et sédimentologiques. Enfin des prospections pédestres sont envisagées sur le territoire environnant avec un triple objectif. Le premier sera de localiser les carrières de pierres exploitées par les habitants de Kouass. Le second de localiser d’éventuelles mines exploitées durant l’Antiquité, d’importantes scories de fer ayant été mises au jour lors des différentes campagnes de fouilles. Le troisième sera de localiser la source qui alimente l’aqueduc d’époque romaine situé aux abords du rivage atlantique, dans la continuité des travaux qui ont porté sur l’étude du tracé de cet ouvrage tout récemment.

Partenaires :

• Ministère des Affaires étrangères et européennes
• Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine de Rabat.

Calendrier des opérations :

• 2012 : Campagne de fouille.
• 2013 : Étude du matériel et préparation du premier volume de la publication.
• 2014-2016 : Fouilles et analyses géomorphologiques pour vérifier la présence la fortification, de
  fours et de la lagune.

Résultats attendus :

• Publication de deux volumes dans la CEF, en collaboration avec l’INSAP.

Participation EFR :

• Missions pour les membres de l’équipe ;
• financement d’analyses