. Économie et société en méditerranée au VIIe siècle : l’organisation des foyers de peuplement

  • Director : Ghislaine Noyé (École nationale des Chartes) et Vivien Prigent (CNRS)

Axe 1. Parcours et échanges en Méditerranée

Présentation

Les vingt dernières années ont été capitales pour l’étude des IVe-VIe siècles : du point de vue méthodologique, l’archéologie « paléochrétienne » a fait place à une histoire globale de l’économie et  de la société, qui a d’emblée utilisé les nouvelles techniques de fouille, de prospection et de datation. L’existence, en Italie pour le moins, d’une phase chronologique spécifique, située à cheval entre ce qu’on appelle traditionnellement l’« Antiquité tardive » et le « haut Moyen Âge » est un fait désormais acquis pour l’ensemble des chercheurs, spécialistes des textes et du terrain. Elle se caractérise par une prospérité fondée sur de nouveaux modes d’exploitation du sol (concentration foncière et gestion indirecte de la terre), et sur une industrie et un commerce dynamiques, tous phénomènes que l’archéologie a amplement démontrés, mais qui sont également bien présents dans les textes.
Les nombreuses rencontres auxquelles a donné naissance ce filon de recherche dans les années 2000-2010 envisageaient les IVe-VIIIe siècles dans leur globalité : elles ont souligné à la fois les lacunes de nos connaissances sur les VIIe-VIIIe siècles et l’importance de ces derniers. La multiplication des fouilles sur des sites urbains et ruraux mettent en évidence les habitats qui avaient succédé aux établissements d’origine antique et ceux qui se trouvaient à l’origine des agglomérations modernes, le seul moyen dont on dispose actuellement pour repérer les réalités des VIIe-VIIIe siècles. Parallèlement étaient accomplis des progrès notables dans la connaissance de la céramique en général, et des amphores en particulier, ainsi que sur l’histoire du travail du verre et du métal. On a vu alors émerger une nouvelle génération d’habitats, qui prend parfois naissance à la fin du VIe siècle et se développe en tout cas au siècle suivant ; certains disparaissent ensuite au VIIIe ou au IXe -Xe siècle, mais d’autres assez nombreux perdurent jusqu’à nos jours. Ces établissements correspondent à une société plus égalitaire que par le passé où l’élite se distingue de manière beaucoup moins éclatante, et ils se caractérisent par une culture matérielle nouvelle. En ville comme en contexte rural, l’artisanat y est florissant, et les échanges, bien que réduits en intensité, se poursuivent à courte, moyenne ou longue distance ; il s’agit d’un commerce somptuaire, comme on le savait déjà, mais qui concerne aussi les denrées de première nécessité, et d’autres catégories d’objets. Enfin des changements se font jour dans les grands courants qui animent ce trafic. Les villes survivent et restent des points de référence religieux, administratifs et militaires, mais elles sont redimensionnées, fortifiées et, hors des édifices religieux ou publics, recourent aussi largement au bois et à la terre : évêques et fonctionnaires (byzantins) ou administrateurs (lombards) peuvent d’ailleurs siéger hors des agglomérations urbaines. La forme privilégiée de l’habitat rural est en effet le village, qui n’était peut-être pas aussi répandu qu’on a voulu le croire dans la période précédente, et l’emporium dont les formes multiples restent à définir. Et les analyses anthropologiques montrent le bon état de la population, même si on observe des inégalités régionales. Les activités métallurgiques semblent intenses dans des contextes variés.

Le premier objectif du projet est de réaliser une typologie diversifiée de l’habitat : le village est-il regroupé ou organisé en petites unités juxtaposées ? Comment se caractérise l’emporium ? Quels rapports ces habitats entretiennent-ils avec les villes, les établissements religieux et avec les autorités publiques ou privées ? Dans le cas de créations nouvelles, qui sont les promoteurs ? La fortification se développe-t-elle ? Quel type d’artisanat y est pratiqué ? Comment les habitats sont-ils insérés dans les échanges ?  Comment les dominations politiques ont-elles géré le territoire dépourvu de ville, du point de vue fiscal et militaire ?
À la croisée de l’archéologie et de l’histoire, le projet pourrait notamment déboucher sur la mise au point d’une méthode pour l’identification de ces sites, grâce à l’élaboration de modèles, comme cela avait été fait avec un certain succès autour de l’abbaye de Saint-Vincent-au- Volturne dans les années 1980 et constituer le point de départ d’enquêtes et/ou de fouilles. La nécessité d’explorer un village dans son entier a déjà plusieurs fois été soulignée. Une place importante doit être faite à la numismatique et au support matériel de l’écrit. La numismatique a longtemps été traitée comme une discipline parallèle, faisant l’objet d’exposés détachés des réalités archéologiques, alors qu’elle doit être intégrée à tous les niveaux d’une étude globale sur l’économie du VIIe siècle.
L’hypothèse est que les invasions successives des Ve-VIe siècles ont eu pour conséquence la disparition d’une aristocratie qui concentrait une immense richesse patrimoniale et mobilière entre ses mains, phénomène qui se serait accompagné d’une renaissance de la petite propriété. Le VIIe siècle serait donc l’âge d’or de la petite entreprise agricole, privilégiée par l’État byzantin. Au fil du temps on observe l’émergence d’une nouvelle aristocratie, et il faudrait tenter de préciser la place du VIIe siècle dans ce processus, en utilisant largement les résultats obtenus par le programme de recherche sur les élites au Moyen Âge sans perdre de vue le « petit peuple » qui émergeait alors.
L’approche de cette société passe en tout cas par l’histoire du droit et de la fiscalité. Le débat porte également sur le rôle de l’Église et de l’empire byzantin dans les nouveaux réseaux d’échange, rôle sans doute parfois surévalué, alors que certains chercheurs tendent maintenant à mettre l’accent sur l’initiative des communautés elles-mêmes. De ce point de vue, les vestiges de certaines structures que les dernières recherches ont datées précisément du VIIe siècle (le fameux « limitone dei Greci ») restent à interpréter.

Ce projet accordera une place importante à une approche comparative abordant le cas de la France où le développement de l’archéologie préventive qui, grâce au décapage de vastes surfaces, a mis en évidence la densité du peuplement rural et son organisation mais aussi au cas de l'Albanie, du Maghreb et de la Grèce. Il est clair que cette nouvelle vision du VIIe siècle apportera une contribution fondamentale aux débats historiographiques sur la place du haut Moyen Âge et sur la thèse de Pirenne. Cette réflexion bénéficiera des contributions de nombreux spécialistes de la période qui ont exprimé leur intérêt pour le projet : P. Arthur, C. Carbonetti, E. Cirelli, S. Cosentino, P. Delogu, S. Gelichi, C. Morrisson, E. Nalbani, G. Volpe, C. Wickham et V. Prigent qui vient de diriger un programme sur l'économie du bassin occidental de la  Méditerranée au VIIe siècle dans le cadre du Newton fellowship.

Partenaires

  • Centro interuniversitario per la Storia e l’Archeologia dell’Altomedioevo italiano (SAAM) à Poggibonsi en Toscane
  • Università di Bologna
  • CNRS UMR 8167
  • Newton International Fellowship Alumni (British Academy)

Calendrier des opérations

  • 2013-2015 : organisation de trois ateliers consacrés respectivement à la typologie de l'habitat rural, aux dynamiques économiques et à l'aspect juridique et fiscal

Participation EFR

  • soutien logistique
  • éditeur

Résultat attendu

  • publication d'un ouvrage de synthèse dans la Collection de l'École française de Rome à l'horizon 2015-2016.

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Contacts :

 

Prochaines manifestations et actualités

PROGRAMMES

Programmes structurants (2022-2026)

Axe 1 – Espaces maritimes, littoraux, milieux insulaires

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets financés par l'Agence nationale de la Recherche (ANR)

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projet franco-allemand financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets européens (Horizon 2020)

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

Projets Impulsion

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

 

 
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