. Nouvelles perspectives pour l’historiographie de la Compagnie de Jésus (XVIe-XXIe siècle)

  • Responsabile : Pierre-Antoine Fabre (EHESS), Ralph Dekoninck (Université catholique de Louvain), Jean-Pascal Gay (Université de Strasbourg), Martin Morales (Université pontificale grégorienne)

Axe 3. Modèles romains

Responsables

  • Pierre-Antoine Fabre (EHESS)
  • Ralph Dekoninck (Université catholique de Louvain)
  • Jean-Pascal Gay (Université de Strasbourg)
  • Martin Morales (Université pontificale grégorienne)

 

Présentation

Le programme proposé vise à construire, dans le cadre des activités de l’ Ecole Française de Rome et en coopération avec un ensemble d’institutions européennes, les lignes de recherches les plus avancées aujourd’hui sur l’histoire de la Compagnie de Jésus, qui est devenue depuis une quinzaine d’années un lieu central de l’historiographie d’époque moderne dans des domaines aussi divers et multiples que l’histoire de la genèse des Etats modernes, l’histoire de l’expansion mondiale de l’Europe, l’histoire des institutions d’enseignement après la Renaissance, l’histoire des savoirs scientifiques, l’histoire des arts visuels à l’époque du schisme confessionnel européen, etc.

Ce programme est aussi un nouveau développement de toute une série de recherches conduites sur l’activité scientifique de la Compagnie ou dans le domaine de l’histoire des missions d’évangélisation.

Les trois orientations principales de ce programme correspondent enfin, aujourd’hui, à la nécessité de tisser ensemble trois champs de recherche : celui de la dynamique spirituelle attachée aux développements de l’histoire de la Compagnie de Jésus dans leur relation à la tradition théologique, à l’interprétation de son destin institutionnel et à l’engagement d’une « politique de l’image ».

 

1. Histoire et historiographie de la Nouvelle Compagnie : Enquête sur la Restauration de la Compagnie de Jésus (1773-2014) (en collaboration avec Martin M. Morales, Univ. grégorienne)

Ce projet vise à faire émerger des recherches appuyées sur de nouvelles sources dontl’exploration sera conduite à l’horizon 2012 en vue du Colloque international organisé parl’Université grégorienne pour le bicentenaire de la restauration de la Compagnie : De l’ancienne à la nouvelle Compagnie de Jésus : une histoire multiple. Quatre orientations seront explorées.

a. Fondation , Suppression , Restauration

Commémorera-t-on la Restauration de la Compagnie de Jésus ? Plus généralement: commémore-t-on une Restauration ? Ou ce dont cette Restauration fait déjà mémoire, c’està-dire la Fondation même de l’Ordre ? Sauf si l’on considère que la date de 1814 ne désigne pas l’événement d’une Restauration mais bien celui d’une Fondation, celle d’une « nouvelle Compagnie » ? Mais comment l’appelait-on en 1814 ? Le projet même de la Commémoration d’une Restauration porte ainsi, comme peut-être les textes eux-mêmes, la marque d’une difficulté : la nouvelle Compagnie est-elle la même ou est-elle une autre ?

b. Interdictions et suppression dans l'histoire de la Compagnie de Jésus (XVIe -XXe siècles)

La suppression n’est pas un phénomène unique, mais un enchaînement de phénomènes, qui conduit à interroger la relation entre l’histoire des nations et le destin de la Compagnie. L’histoire européenne des suppressions doit encore être croisée avec les facteurs extraeuropéens: La Compagnie est placée entre plusieurs espaces politiques qui ne peuvent être réduit aux espaces nationaux et impériaux, ni non plus à l’espace défini par Rome. Qu’est-ce que l’on supprime en Europe et dans les espaces extra-européens à la fin du XVIIIe siècle ? Le phénomène brutal (bien que le processus s’étire sur une vingtaine d’années) de la suppression ne masque-t-il pas un processus d’effacement progressif de la Compagnie de Jésus, un déclin que la suppression viendrait accomplir, aussi bien qu’une histoire qu’elle viendrait interrompre La spécificité du cycle des suppressions de la fin de l’Ancien Régime doit être mise à l’épreuve en l’inscrivant dans la longue durée des interdictions et des expulsions.

Si l’on s’attache à la période de la suppression la plus générale de l’Ordre dans toute son histoire, entre 1773 et 1815, on constate que l’historiographie institutionnelle a toujours ‘doublé’ la notion de suppression d’une notion, inscrite en filigrane, de ‘refondation’, de survie souterraine. Qu’est-ce qu’un individu continue d’incarner du corps auquel il a appartenu, en particulier dans le cas d’un corps qui avait fait l’un de ses principes, depuis sa fondation, de l’autonomie relative de ses membres ? Combien d’entre les ex-jésuites restent-ils ecclésiastiques ?

Au-delà de l’analyse des causes du Décret de 1773, il importe de cartographier les justifications (martyrologique, pénitentielle, apocalyptique) apportées dans la Compagnie elle-même.

 

c. Histoire de la Nouvelle Compagnie et historiographie de l’Ancienne Compagnie .

Le cycle de la Suppression et de la Restauration a été progressivement réinvesti par l’historiographie de la Compagnie de Jésus, essentiellement centrée depuis une vingtaine d’années sur le « premier siècle », en fonction de deux lignes de front finalement convergentes : d’une part, l’avancée vers l’aval des enquêtes sur l’ancienne Compagnie, en particulier sur le terrain de l’histoire intellectuelle et de l’implication de la culture philosophique et scientifique; d’autre part, l’exigence d’une connaissance approfondie des contextes de la production contemporaine des sources de la Compagnie moderne : pourquoi l’Espagne des dernières décennies du XIXe siècle, dans la pleine période de la Restauration carliste, a-t-elle vu naître l’immense entreprise des Monumenta Historica Societatis Iesu, qui renvoyait précisément à l’ancienne Compagnie, par-delà la période de la Restauration jésuite?

 

d. Continuité , discontinuité, rupture : un cas épistémologique .

L’objet complexe constitué par les Compagnies de Jésus Ancienne et Nouvelle, dans leur diachronie historique et dans leur synchronie historiographique, représente un extraordinaire cas d’école pour une épistémologie du temps historique. Il expose à la double contrainte : d’une part, de devoir penser cet objet global dans les termes d’une continuité pour contrer la fiction d’une déchirure infligée qui nourrit la fiction opposée et symétrique d’une souterraine constance malgré tout affirmée ; d’autre part, de devoir penser la discontinuité effective des deux Compagnies, et plus précisément les modalités de la gestation de la Nouvelle dans les ruines de l’Ancienne pendant l’intervalle de la Suppression.

 

2. Pour une histoire de la théologie dans la Compagnie de Jésus (en collaboration avec Jean-Pascal Gay, Univ. de Strasbourg).

L’histoire religieuse française, en particulier, conserve une certaine réticence à l’égard de l’objet théologique. Ce dernier est investi, soit dans le cadre traditionnel d'une « histoire des idées », soit par les marges de l’objet lui-même, en particulier dans le cadre d’une analyse de ce qu’on pourrait appeler l’envers moderne de la théologie que constituent le discours spirituel ou les débats sur les fondements religieux du politique. Les méthodes et les problématiques de l’histoire culturelle restent peu mobilisées par les historiens de la théologie alors qu’elle sont précisément l’outil d’un passage nécessaire d’une histoire de la théologie à une histoire de l’activité théologique c'est-à-dire à une histoire culturelle de la théologie. D’autre part, il apparaît aussi possible, dans ce but, non seulement de traiter la théologie comme un savoir, mais aussi, en refusant pratiquement, car elle est porteuse d'un anachronisme majeur, la dichotomie entre théologie et science, d’utiliser les méthodes et les problématiques qui ont émergé en histoire des sciences pour les appliquer à l’histoire de la théologie.

Compte tenu de la conjoncture historiographique, une étude centrée sur l’activité théologique dans la Compagnie de Jésus paraît une porte d’entrée opportune pour proposer une histoire culturelle de la théologie à l’époque moderne.

Du point de vue de l’histoire des idées théologiques, tout d'abord, il existe une théologie qu’on peut qualifier de proprement jésuite et qui est au coeur des évolutions majeures de la théologie à l’époque moderne. Par ailleurs, la stratégie du désenclavement de l’étude de la Compagnie n’a pour le moment guère été appliquée à ce qu’on pourrait appeler le coeur du fonctionnement et de la définition culturelle du corps jésuite. Elle doit aussi déboucher sur le désenclavement de l'histoire de la théologie elle-même.

En se concentrant sur un long XVIIe siècle, c'est-à-dire en se concentrant sur la période de pleine implication de la Compagnie dans la culture théologique du catholicisme confessionnalisé, on propose d'explorer prioritairement plusieurs questions : quelle place joue la théologie dans les carrières à l'intérieur du groupe jésuite? Quel rapport enfin entre pratiques théologiennes et autres pratiques savantes tant dans l'ordre que dans les carrières des individus concernés? Comment fonctionnent les sociabilités théologiques dans l'ordre et autour de l'ordre? Quel rôle y joue Rome, non seulement et non pas tant comme lieu de définition de l'orthodoxie, mais comme centre de sociabilité théologique? Comment fonctionne la publicisation des savoirs théologiques? Quel rôle y jouent les controverses doctrinales? La confrontation entre société à inquisitions et société sans inquisitions détermine-t-elle des structures différentes de l'espace public et des rapports différents à la publicisation du savoir théologique?

En retour, l'intégration de l'objet théologique à une étude renouvelée de l'ancienne Compagnie de Jésus devrait permettre de revenir sur plusieurs questions concernant l'histoire de la Compagnie proprement dite. Rencontre-t-on dans le cas de la théologie le lien signalé par A. Romano entre l’activité scientifique jésuite et « un rapport au monde, composante [de l’] universalisme », dans lequel l’activité d’ensemble de la Compagnie est saisie et qui constitue un espace essentiel pour comprendre l’articulation et les tensions entre activité missionnaire et activité scientifique? Quelle est l’importance du contexte missionnaire proprement jésuite pour l’élaboration mais aussi les formes d’énonciation de la théologie, tant pour la théologie morale que pour la théologie dogmatique ?

Aborder la place de la théologie dans la culture jésuite devrait par ailleurs permettre d'interroger les modalités de construction des cultures collectives jésuites et leur pluralité.

 

3. Culture visuelle et histoire spirituelle dans la première modernité mondiale : les Evangelicae Historiae Imagines de Jérôme Nadal (en collaboration avec R. Dekoninck)

Une enquête globale sur ce recueil de gravures, premier grand monument artistique jésuite, est toujours restée à l’horizon de projet car elle ne peut être qu’une entreprise collective. Elle repose sur l’étude de la genèse des Evangelicae Historiae Imagines à partir des dessins préparatoires et des archives de la maison Plantin-Moretus qui permet de reconstituer le milieu commercial et intellectuel anversois dans lequel le volume a été élaboré. Elle s’attache également à sa diffusion internationale, à ses traductions et à ses adaptations dans le but d’évaluer l’impact de sa circulation sur la définition d’une culture visuelle.

 

Partenaires

  • Université catholique de Louvain
  • Université pontificale grégorienne

Calendrier des opérations

25 et 26 mai 2012, Rome, EFR, De la Suppression à la Restauration de la Compagnie de Jésus: nouvelles perspectives de recherches (I)

13 et 14 juin 2013, Rome, EFR, De la Suppression à la Restauration de la Compagnie de Jésus: nouvelles perspectives de recherches (II)

6-8 novembre 2014, Rome, Université Pontificale grégorienne,  colloque international Le pouvoir de se réunir en son corps". La Compagnie de Jésus de la Suppression (1773) à son Rétablissement (1814).

 

26-27 janvier 2015, Rome, EFR, table ronde Pour une histoire de la théologie dans la Compagnie de Jésus

 

Résultats attendus

  • Ouvrage sur la Restauration publiée par l’Université grégorienne.
  • Dossier de revue pour le projet théologique.
  • Projet de production virtuelle pour le volet 3

Participation de l’EFR

Organisation des 2 tables rondes préparatoires au colloque de 2014, co-orgnisation du colloque de 2014, publication d'une partie des actes dans les Mélanges de l'Ecole française de Rome - Italie et Méditerranée, co-édition et co-publication de l'ouvrage final.

 

 

 

 

 

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Prochaines manifestations et actualités

PROGRAMMES

Programmes structurants (2022-2026)

Axe 1 – Espaces maritimes, littoraux, milieux insulaires

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets financés par l'Agence nationale de la Recherche (ANR)

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projet franco-allemand financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets européens (Horizon 2020)

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

Projets Impulsion

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

 

 
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