GENRE ET MANUSCRITS AU XE SIÈCLE
Il 12/10/2024 a Salle 50, Centre des colloques, Campus Condorcet, Place du Front populaire, Aubervilliers
La zone de la Porte d’Herculanum, située immédiatement à l’extérieur des murs de la colonie, a été l’une des premières à être dégagée à Pompéi. Ce secteur, connu principalement dans son état de 79 ap. J.-C., associe à la fois des tombeaux, des espaces commerciaux ou productifs, et plusieurs grandes villas. Grâce aux dégagements effectués depuis les années 1760, puis aux fouilles qui s’y sont déroulées entre la fin du XIXe siècle et le début du XXIe siècle, il est possible de proposer un cadre général de son évolution. Au cours de la période « samnite », il jouait déjà le rôle de nécropole, comme en attestent les tombes à inhumation découvertes en1873 par G. Fiorelli puis en 1907-1908 par A. Sogliano et, enfin, en 1979, par S. De Caro. Les recherches menées par V. Kockel et par B. F. Weber, exclusivement fondées sur l’étude des formes de construction, ont décelé l’existence d’une villa « rustica » qui aurait été construite sur le même côté nord de la voie au IIIe s. av. J.-C., puis qui aurait été agrandie et transformée en villa « urbana » dans la seconde moitié du IIe s. av. J.‑C. L’ensemble de cette zone a connu des mutations importantes à partir de la déduction coloniale syllanienne. Elle a été marquée non seulement par l’édification de tombeaux toujours plus nombreux de part et d’autre de la voie, mais aussi par l’extension de la Villa delle colonne a mosaico, avec l’adjonction d’un portique abritant des boutiques et des ateliers – notamment de potiers –, manifestement sur l’emplacement de l’ancienne nécropole « samnite ». Par ailleurs, alors que les segments sud de la voie se peuplent de tombes monumentales, l’espace à l’ouest du portique continue à recevoir des sépultures plus modestes.
Sur ce secteur, il n’existe pour l’heure que quelques contributions éparses et d’ampleur inégale. La plus conséquente d’entre elles est le livre issu d’une thèse de doctorat et publié par V. Kockel en 1983 sur les grands monuments funéraires. Bien qu’il s’intéresse au cadre topographique des tombeaux et qu’il s’appuie aussi bien sur les données de terrain que sur les archives, cet ouvrage est centré principalement sur la typologie et la chronologie des formes monumentales, qui sont réinsérées dans leur contexte local et italien. Ce livre, qui est un point de départ indispensable, est cependant ancien et plusieurs des développements ou des hypothèses qu’il contient doivent être revus à la lumière des études plus récentes ou en cours sur les autres nécropoles de Pompéi. Il faut signaler en outre que des sondages, probablement effectués dans la Villa delle colonne a mosaico par l’équipe du Via Consolare Project in Pompeii (dir. M. Anderson), pourraient apporter de nouvelles données lorsqu’ils auront été publiés.
Ce rapide état des connaissances sur l’espace suburbain au-delà de la porte d’Herculanum nous semble laisser apparaître des lacunes, que d’autres secteurs hors les murs de Pompéi ne sauraient pouvoir combler. L’un des aspects dignes d’intérêt est en effet la pluralité des fonctions attestées dans cette zone, leur coexistence et leurs mutations dans le temps. Notre projet se développerait autour de deux questionnements et objectifs :
- en premier lieu, l’articulation entre les espaces funéraires et les espaces productifs ou commerciaux, tant du point de vue strictement topographique que dans une perspective fonctionnelle. Cette question se trouve au cœur de travaux récents sur les zones suburbaines, en Italie et hors d’Italie. Il est à croire que les données du secteur de la porte d’Herculanum, jusqu’à présent abordées de manière très générale, pourraient livrer un cas d’espèce très instructif. Le projet viserait ainsi à déterminer la chronologie d’installation des boutiques et des ateliers construits en façade de la Villa delle colonne a mosaico, pour affiner ou rectifier les propositions antérieures et déterminer, entre autres, la date et la façon dont la nécropole « samnite » fut abolie ou transformée.. La reprise des données de fouilles anciennes, complétées par des nettoyages ou des sondages, permettrait en outre de mieux appréhender la nature des espaces commerciaux ou artisanaux situés hors de la ville, et de reconsidérer, pour Pompéi, la question de la supposée relégation de ces activités « nuisibles » hors de la ville, ainsi que leur relation avec la fréquentation des tombeaux.
- en second lieu, la question de la gestion de l’espace suburbain et des formes d’occupation ou de propriété qu’il connaît. L’épigraphie des tombeaux fournit en effet de nombreuses indications susceptibles d’être exploitées en ce sens, telles que le nom des titulaires des monuments, qui permet de les resituer dans le contexte social d’évolution de la colonie. Pareille étude a été ébauchée dans le livre de V. Kockel, qui s’appuyait principalement sur les travaux de P. Castrén. Les études plus récentes, en particulier celles de H. Mouritsen sur la société et les élites pompéiennes, permettraient de revoir certaines conclusions du savant allemand. D’autre part, une grande partie des monuments fut concédée par décision des décurions de la colonie. Ces mentions, comme cela a été vu occasionnellement, sont aussi une fenêtre ouverte sur les régimes de propriété concernant cet espace, où viennent se mêler des lieux publics, privés ou comme le dit le droit, « religieux ». Il serait intéressant de scruter les évolutions et mutations de ces régimes, en confrontant l’archéologie et l’épigraphie. Signalons enfin que ces questions permettront de reformuler la problématique liée au pomerium de Pompéi. D’une part les résultats obtenu par l’observation de la nécropole de Porta Ercolano, de l’autre les précisions chronologiques fournies par les études en cours des fortifications et des espaces environnants, consentiront d’approcher de manière renouvelée un sujet central pour l’appréhension de la colonie romaine.
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Axe 6 – L’Italie dans le monde
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Projet franco-allemand financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)Axe 6 – L’Italie dans le monde
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Projets ImpulsionAxe 2 – Création, patrimoine, mémoire
Axe 3 – Population, ressources, techniques
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Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses
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