. L’Italie. Recomposition territoriale du local à l’Europe

  • Responsabile : Dominique Rivière (Université de Paris 7- UMR Géographie-Cités)

Axe 2. Dynamiques territoriales

Présentation

Ce programme de recherche (2012-2016) entend explorer, autour de la discipline géographique en lui associant le cas échéant d’autres disciplines, les recompositions territoriales qui affectent l’Italie en centrant l’analyse sur l’articulation des échelles (local-régional, nation, européenne, global). En effet, l’Italie fait office de laboratoire pour les études du développement local (modèle des districts), la régionalisation, l’importance des structures familiales dans l’organisation sociale. Or ce modèle italien est aujourd’hui en crise et les recompositions territoriales qui affectent la péninsule plaident pour une approche qui croise les échelles et les champs d’analyse. On songe, par exemple, à l’évolution du Welfare qui n’est pas étrangère aux dynamiques migratoires mais aussi à certains aspects du fédéralisme régional ou encore à la thématique du brain drain qui affecte aujourd’hui l’Italie et qui appelle une analyse comparative car elle est présente dans d’autres pays méditerranéens et éclaire la place ambiguë de l’Europe du Sud dans la globalisation.

Il s’agit en somme de revisiter la vision classique de l’Italie comme avant-poste de tendances européennes en confrontant la péninsule à d’autres exemples européens et méditerranéens et en privilégiant deux approches : l’un politico-institutionnel, l’autre socio-économique.

 

Axe 1 : Du local à l’Europe, articulation et/ou conflits d’échelles institutionnelles.

Alors qu’elle a longtemps été considérée comme un « entre-deux » entre les modèles politico-institutionnels centralisés à la française et les modèles fédéraux à l’allemande, l’Italie est devenue dans les deux dernières décennies un cas d’école, à l’échelle européenne, d’une décentralisation très avancée que ce soit au niveau régional (réforme constitutionnelle de 2001, fédéralisme fiscal de 2009) ou local (renouveau urbanistique des années 1990, valorisation du local). Mais la péninsule, à un degré certes moins élevé que la Belgique, est également un exemple de régionalisation conflictuelle, marqué par une crise de la solidarité entre régions riches et régions pauvres qui ébranle l’unité nationale.

  • Dans quelle mesure faut-il parler d’articulation et/ou de concurrence entre pouvoir métropolitain et régions ? Comme ailleurs en Europe, cette question conduit à s’interroger sur les ressorts de la régionalisation et ses rapports avec le fait métropolitain. En Italie comme en Espagne, on peut relever le contraste entre, d’une part, l’affirmation institutionnelle des régions, et d’autre part, l’affirmation économique des capitales qui prend, dans la péninsule, la forme d’un rattrapage de Rome même si Milan demeure à la tête du système urbain. Le débat sur l’articulation entre les échelles institutionnelles se superpose à celui sur le rapport entre les mailles fonctionnelles et les mailles institutionnelles.
  • Quelles rétroactions entre « question régionale », nation et intégration européenne ? Cette question conduit à s’interroger sur le rapport entre les modalités de la construction européenne et les tensions régionalistes dont l’Italie est l’objet. Dans un cadre général européen producteur d’eurorégions dont la portée intégratrice semble néanmoins s’affaiblir et dans un contexte marqué par la perspective proche de l’entrée des Balkans dans l’UE et par la mise en scène d’une « euro- Méditerranée », on peut s’intéresser à la façon dont l’Europe joue sur la question régionale italienne et en particulier en mettant en discussion la marginalité ou non des régions méridionales.

 

Axe 2 : Recomposition du « modèle italien » de développement

Bien qu’elle soit proche, à de nombreux égards, du modèle productif et du niveau de vie de la France et de l’Allemagne, l’Italie a connu un développement atypique, caractérisé par une décentralisation productive. Interroger les recompositions en cours de ce modèle, en s’intéressant à la fois à la mobilité des personnes et à celle des entreprises, sera au coeur de l’enquête.

  • Le « modèle italien » entre développement local et migrations ? Si l’industrie reste une composante forte de l’économie italienne, la géographie de la production a connu de profondes mutations. Ses relations au territoire et à la société locale, qui sont en particulier à la base du modèle des districts ont été profondément transformées dans les deux dernières décennies donnant lieu à une remise en cause du modèle alors que paradoxalement on assiste à une diffusion-exportation de ces modes de production sous des formes proches, vers les régions méridionales – même si la persistance de la « question méridionale » est elle-même un anti-modèle de développement local – et à l’extérieur de ses frontières. Le recours croissant à la main-d’oeuvre étrangère dans les unités de production des districts traditionnels de même que l’émergence d’un entrepreneuriat étranger, notamment chinois, dans le berceau même des districts de la Troisième Italie, fait voler en éclats les bases sociales du modèle et conduit à s’interroger sur les reconfigurations géographiques et le processus de mobilité sociale. Par ailleurs, le système de délocalisation ou de sous-traitance vers les pays périphériques (Roumanie, Albanie, Tunisie) transforme en profondeur la géographie du système productif italien dont l’analyse est inséparable de celle des politiques d’immigration et des accords de l’UE avec les pays du Maghreb et la Turquie.
  • Comment évaluer l’impact de l’émigration qualifiée sur le modèle italien de développement local ? Le débat sur la « fuite des cerveaux » n’a cessé de se développer dans le discours public depuis la fin des années 1990. Le brain train y est présenté comme « la véritable tragédie qui freine le développement du pays » (Il Sole 24 ore, 2001), reflétant les maux structurels de la péninsule que sont le sous-investissement public dans la recherche et les difficultés d’insertion des jeunes adultes qualifiés sur le marché du travail. Souligné dès le début des années 1990 par la réapparition d’une migration – devenue qualifiée – des jeunes méridionaux vers les métropoles d’Italie du Nord, la fuite des cerveaux s’accomplirait désormais vers l’étranger affaiblissant le pays dans la compétition globale. Pour dépasser une approche trop mécaniste de ces phénomènes et mieux en évaluer l’importance, il sera utile de mobiliser les études sur les élites migrantes qui privilégient une approche « connexionniste » des migrations soulignant le rôle des réseaux de relations dans les processus de mobilité.
  • Quelle place pour le modèle italien en Europe à l’heure de la Stratégie de Lisbonne ? Le modèle productif italien est aujourd’hui à de nombreux égards en porte-à-faux par rapport à un modèle européen fondé sur « l’économie de la connaissance et du savoir » et érigé, officiellement au moins, en Stratégie (dite de Lisbonne) depuis les années 2000. Se pose alors la question de l’adaptation de cette vision normative européenne à la diversité des voies d’accès au développement local et régional, dont l’Italie a été - et reste, malgré ses limites – un laboratoire majeur.

Partenaires

  • UMR Géographie-Cités (CNRS-Université de Paris VII-Université de Paris I)
  • UMR TELEMME (AMU-MMSH)
  • Università degli Studi di Napoli L’Orientale
  • Università di Torino, Politecnico di Torino
  • Università Cattolica di Milano
  • Università Tor Vergata di Roma
  • Università di Roma Tre
  • ISTAT (Antenne de Naples)
  • EHESS 

Calendrier des opérations

Résultats attendus

  • Publications de dossiers ou numéros spéciaux dans des revues scientifiques aux différentes étapes du programme. Dossier dans les Mélanges de l'Ecole française de Rome - Italie et Méditerranée, 125-2 / 2013 (http://mefrim.revues.org/1361)
  • Ouvrage collectif

Participation de l’EFR

  • Co-organisation des séminaires et colloques
  • Editeur

 

Questa pagina è una traduzione dal francese, aggiornata il //

Contacts :

 

Prochaines manifestations et actualités

PROGRAMMES

Programmes structurants (2022-2026)

Axe 1 – Espaces maritimes, littoraux, milieux insulaires

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets financés par l'Agence nationale de la Recherche (ANR)

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projet franco-allemand financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets européens (Horizon 2020)

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

Projets Impulsion

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

 

 
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