Sbeïtla/Sufetula - Kasserine, Tunisie

Une cité prospère de l’Afrique du Nord à l’époque romaine

Fouilles soutenues par l'École française de Rome depuis 2022. Projet actuellement en cours dans le cadre du programme Sbeïtla (2024-2026).

Sbeïtla se situe au centre de la Tunisie, à environ 250 km au sud-ouest de Tunis. Elle s’est développée sur les vestiges dela ville antique de Sufetula Musuniorum.

Les premières fouilles du site ont débuté en 1883 et ont duré une quarantaine d’années. Dans les années 1950 et 1960, de nouvelles campagnes ont été menées par Noël Duval sous l’égide de l’EFR puis, dans les années 1990, par Fathi Bejaoui. Depuis 2022, Nicolas Lamare et Mohamed Ben Nejma sont à la tête d’une mission tuniso-française à Sbeïtla. Leur objectif est de comprendre, grâce à une approche pluridisciplinaire, l’évolution urbaine et environnementale de la ville antique de Sufetula, sur une période allant de sa fondation au Ier siècle après J.-C. à son abandon au moment de la conquête arabe au VIIe siècle.

Le contexte de fondation de la ville est, à ce jour, mal connu. Sufetula pourrait avoir été fondée au milieu du Ier siècle afin d’accueillir des populations autochtones nomades, les Musunii. Couvrant près de 50 ha, elle a été construite selon un plan orthogonal et, très rapidement, elle s’est dotée  des édifices caractéristiques d’une ville romaine. Le forum mesurait 37 x 34 mètres de côté et conserve en partie son dallage d’origine. Il était entouré de portiques sur trois de ses côtés et d’un capitole, formé de trois temples, sans doute dédiés à la triade capitoline (Jupiter, Junon, Minerve). 

Temple, 2024 (Crédits L. Fornaciari, EFR)
Chapiteaux des temples du Capitole, 2022 (Crédits Université de Picardie Jules Verne / Institut National du Patrimoine de Tunisie)
Prospection magnétique tractée par quad, 2022 (Crédits Université de Picardie Jules Verne / Institut National du Patrimoine de Tunisie)
Le forum et le temple, 2022 (Crédits N. Lamare, EFR)
Vue générale de la palestre des grands thermes, 2024 (Crédits Université de Picardie Jules Verne / Institut National du Patrimoine de Tunisie)
Détail d’une mosaïque dans une des salles des grands thermes, 2024 (Crédits Université de Picardie Jules Verne / Institut National du Patrimoine de Tunisie)
Prélèvement de dépôt carbonaté dans le bassin des thermes, 2022 (Crédits Université de Picardie Jules Verne / Institut National du Patrimoine de Tunisie)

Un pont-aqueduc, encore en fonction aujourd’hui, servait à dériver l’eau de l’oued Sbeïtla pour alimenter la ville qui disposait de fontaines et de thermes. Construits au IIIe siècle et agrandis au IVe siècle, les Grands Thermes étaient situés à l’ouest de la ville, près du théâtre. Au centre de ce complexe, se trouvaient les espaces communs (palestre et vestiaires), au nord-ouest les thermes dits « d’hiver » et au sud-est ceux dits « d’été ». Sont conservés également les bassins d’eau froide (frigidarium), tiède (tepidarium) et chaude (caldarium) caractéristiques des thermes romains. Le pavement en mosaïque à motifs géométriques de la palestre est particulièrement bien conservé et peut être observé grâce à une visite virtuelle élaborée par la Mission archéologique. 

Sufetula s’est progressivement agrandie et a été un lieu de développement important du christianisme. Au IVe siècle, plusieurs basiliques chrétiennes ont été érigées, dont certaines dotées de baptistères. Aux époques vandale et byzantine (Ve et VIe siècles), certaines basiliques sont aménagées tandis que les thermes sont toujours en activité.

À ce jour, les édifices publics de la ville antique sont relativement bien connus. La Mission archéologique à Sbeïtla entend interroger plus spécifiquement  la notion de « quartier » dans le cadre d’une approche privilégiant l’étude des espaces vécus et des édifices à travers leurs usages. Parallèlement aux fouilles, d’autres actions sont menées sur le site. Grâce à une prospection magnétique, plusieurs rues et édifices jusqu’alors inconnus ont pu être identifiés. Tous les vestiges ont fait l’objet d’un relevé par scanner laser 3D et un système d’information géographique (SIG) est en cours d’élaboration avec pour objectif la mise au point d’un nouveau plan de la ville antique.

Par ailleurs, des recherches autour du climat et des ressources en eau de la ville pendant l’Antiquité sont menées. Pour cela, plusieurs prélèvements pour analyse de dépôts carbonatés ont été réalisés dans les structures hydrauliques (aqueduc,  fontaines, thermes).

 

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