Séminaire de lectures en sciences sociales 2019-2020
Rome
From 12/04/2019 at 11 h 00 to 06/03/2020 at 20 h 00
Lieu : ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME, piazza Navona 62
Organisateurs : Bertrand Augier, Angela Cossu, Séverin Duc.
4 décembre 2019, 10h-13h
Bertrand Augier, Angela Cossu, Séverin Duc, Introduction au séminaire. L’erreur, un problème théologique, philosophique et philologique
Cette séance entend définir l’erreur, tant d’un point de vue de la théologie, de la philosophie morale, des sciences humaines, que de la philologie, notamment. Chemin faisant, nous montrerons la place qu’elle occupe dans notre culture et, pour ce qui nous concerne directement, comment nos imaginaires scientifiques peuvent être conditionnés par des considérations à portée morale.
15 janvier 2020, 10h-13h
Communication de Virgile Cirefice (EFR) et Thibault Bechini (Université Paris 1), Erreur et espace en sciences sociales. Erreur écologique et problèmes d’agrégation spatiale
À l’orée du XXe siècle, les sciences sociales sont nées comme des disciplines tendant, enfin, vers l’exactitude. La mise au point de méthodes rigoureuses n’a cependant pas fait disparaître tout risque d’erreur dans la production des résultats. Liée à l’essor des méthodes quantitatives en sciences sociales, l’erreur écologique, c’est-à-dire le processus par lequel on impute à un individu des caractéristiques mises en évidence à l’échelle du groupe, sera au cœur de cette séance. En se penchant sur les divergences de résultats qu’entraînent parfois les variations d’échelle, on s’interrogera sur la validité des découpages, nécessaires aux sciences sociales, mais qui peuvent se révéler trompeurs. À travers des exemples tirés de la géographie, de la démographie ou de la sociologie, la séance vise à réfléchir aux biais qu’entraînent les choix des échelles d’analyse, des découpages spatiaux ou encore des représentations graphiques qui, tout en aspirant à l’exactitude, peuvent se révéler source de nouvelles erreurs.
5 février 2020, 10h-13h
Adrián Fernández-Almoguera, Viva Sacco, Paolo Tomassini, L’erreur dans l’iconographie
Cette séance est dédiée aux erreurs d’interprétation faites dans le cadre des études iconographiques. Il s’agira de réfléchir à l’impact qu’une erreur peut avoir sur la conception de l’art dans le temps mais également sur les conséquences – parfois désastreuses – dans différentes disciplines telles que l’histoire de l’art, l’architecture et l’archéologie. On abordera cette problématique à travers trois exemples qui couvrent un grand arc chronologique. Nous partirons de la non-reconnaissance de la polychromie dans la sculpture antique de la part de Winckelmann ; puis nous aborderons le présumé iconoclasme islamique ; enfin nous questionnerons les travaux de George Didi Huberman sur l’interprétation de la peinture de la Renaissance.
4 mars 2020, 10h-13h
Philippe Lefeuvre, Eliza Orellana, Annalaura Turiano, Hugo Vermeren, Erreurs de réification et « tripotages inconscients ». Histoire culturelle et politique de l’erreur scientifique
Les erreurs de réification consistent à attribuer une réalité objective à des constructions mentales. Dans quelle mesure sont-elles constitutives des savoirs scientifiques d’hier et d’aujourd’hui ? Cette séance propose d’aborder l’erreur au prisme de l’histoire culturelle et politique. Nous reviendrons notamment sur l’histoire de la craniométrie et des théories des races au XIXe siècle pour réfléchir, non pas sur la tromperie volontaire, mais sur le poids des représentations et des préjugés dans la fabrique des « illusions » savantes.
1er avril 2020, 10h-13h
Événement suspendu et reporté à une date ultérieure. Les nouvelles dates seront annoncées au plus tôt.
Marie Bossaert, Charles Davoine, Carole Mabboux, L’erreur judiciaire, révélateur social
À l’affiche en 2019, le film J’accuse de Roman Polanski rencontre dès sa sortie un grand succès public, malgré les polémiques entourant le passé de son réalisateur. En mettant en scène une erreur judiciaire aux implications nationales profondes et au retentissement médiatique puissant, Polanski essaye-t-il de suggérer sa propre innocence, et de dénoncer ce faisant un acharnement judiciaire ? Catégorie juridique, « l’erreur judiciaire » active des ressorts émotionnels forts, fascine, engage. Les affaires Calas, Dreyfus, Outreau ou Dils, communément qualifiées comme telles, renvoient en droit à des réalités distinctes. Elles sont néanmoins associées dans l’imaginaire collectif à la faillibilité de la justice en tant qu’instance d’établissement de la vérité factuelle. C’est par ce biais que l’erreur judiciaire est devenue, depuis une dizaine d’années, un objet sociologique et anthropologique. Que révèle-t-elle du rôle que confie une société à ses institutions judiciaires, et de la justice en tant qu’institution ? Que dit-elle enfin des représentations populaires du « coupable » à une époque donnée ?
6 mai 2020, 10h-13h
Élodie Oriol, Nina Valbousquet, Angela Cossu, Faux et falsifications : circulation et usages
Le thème de la falsification nous permettra d’examiner les frontières poreuses de l’erreur sous l’angle de son intentionnalité, de sa finalité et de sa circulation. Erreur intentionnelle, manipulée et manipulable, la falsification connaît des réutilisations et déformations amplifiées par les rumeurs. Souvent, les relais qui véhiculent et perpétuent l’erreur initiale n’en partagent pas les mêmes objectifs et intentions. Les multiples usages du faux seront ici explorés dans le domaine de l’art, de la religion et de la propagande politique.
3 juin 2020, 10h-18h
Marie Bossaert, Carole Mabboux, Dialogues avec Carlo Ginzburg (10h-13h).
Bruno D’Andrea, Émilie Mannocci, Christian Mazet, Alison Pereira, L’imposture en archéologie (15h-18h).
L’après-midi, il s’agira d’étudier trois dossiers portant sur des époques et domaines différents (préhistoire, antiquité gréco-romaine et monde phénico-punique) pour comprendre les motivations de l’archéologue dans le processus de création de l’imposture. Nous discuterons d’éthique ainsi que des présupposés idéologiques qui ont conditionnés et conditionnent parfois encore les recherches archéologiques (recherche de légitimité, insertion dans un réseau, motivation politique/théologique).