. Les ressources naturelles en Méditerranée


Axe 1. Parcours et échanges en Méditerranée

Les opérations de ce programme portent sur les modes de production, la commercialisation et les usages des ressources naturelles dans l'espace méditerranéen à travers des approches à la fois archéologiques et historiques. L’arc chronologique est vaste, de l'Antiquité à la première modernité. L'approche, résolument comparatiste, se fonde sur des enquêtes documentaires et des prospections sur le terrain (en Sardaigne, Maremme toscane, Espagne) qui nourrissent une réflexion historique sur la production sociale du marché des ressources naturelles et des matières premières.

Les aluns du bassin méditerranéen et la production sociale du marché des matières premières

Responsables : Didier Boisseuil (Université de Tours - CESR UMR 5187) ; Christian Rico (Université de Toulouse Jean Jaurès - TRACES UMR 5608)

Présentation

Dans la lignée du programme sur les « Ressources naturelles dans la Maremme toscane », cette enquête a pour objectif d’étudier les modes de production, de commercialisation et d’usage des aluns à la fin du Moyen Âge, c’est-à-dire toute une gamme de sulfates qui sous des noms divers (aluns, vitriols, etc.) ont été exploités et employés plus ou moins intensément entre XIIIe et XVIe siècles, au moment où l’Occident connaît un essor économique et industriel nouveau. Cela ne signifie pas que tous ces aluns soient méconnus des Occidentaux avant cette période mais leur usage et leur production sont mieux documentés, à partir du XIIIe siècle. En effet, les sources archéologiques ou archivistiques laissent entrevoir la multiplication des produits commercialisés et, de façon remarquable, l’exploitation de vastes gisements d’alunite soit en Anatolie, soit à Tolfa, près de Rome (par la Chambre Apostolique) : ce dernier gisement se substituant ‘heureusement’ (alors que les Turcs s’installaient au Proche Orient) aux sources d’approvisionnement occidentales habituelles et contribuant à soutenir la puissance financière et politique de la papauté romaine. Notre propos est donc d’abord d’analyser les différentes formes de production des aluns dans le bassin méditerranéen en partant de l’étude particulière de l’alun d’alunite et en réfléchissant notamment aux éventuels transferts de savoirs (géologiques, techniques, économiques, juridiques…) que son exploitation en Occident peut suggérer. Mais, l’enquête ne serait pas complète si l’on ne prenait pas aussi en considération les autres aluns qui, un peu partout en Occident, ont été exploités soit de façon ancienne et avec plus d’intensité, soit de façon nouvelle, à la fin du Moyen âge. La mise en valeur de tous ces ensembles de gisements de roches alunifères s’est accompagnée de transformations environnementales qui ont souvent été négligées et que nous souhaiterions éclairer à l’échelle du bassin méditerranéen. Une semblable étude oblige aussi à prendre en considération les formes de commercialisation et les trafics générés par le transport de ces produits pondéreux partout en Occident et surtout les usages de ces différents sulfates dans les diverses industries soit méridionales, soit septentrionales : une large partie de l’alun d’alunite produit à Phocée ou à Tolfa a,
en effet rejoint la Mer du Nord et servi – pour autant que l’on puisse en juger en l’état des connaissances actuelles – principalement à l’industrie drapière normande, anglaise ou flamande. Ici beaucoup reste à faire, car si l’usage de l’alun dans la teinturerie a été étudié, son utilisation dans d’autres industries (notamment sidérurgiques) est encore inexplorée. L’enquête comprend aussi une étude poussée des réseaux d’affaires européens qui ont contribué aussi bien à la production qu’à la commercialisation des aluns. Le caractère novateur de cette recherche tient : 1. Au choix des produits étudiés : les aluns constituent une variété de substances qui n’ont jamais fait l’objet d’une étude historique d’ensemble, alors qu’ils sont à la base de certaines industries et ont contribué à l’essor des savoirs scientifiques (notamment la chimie) occidentaux. 2. À la volonté de privilégier l’étude des réseaux et des transferts (techniques, commerciaux) pour saisir le rôle des ressources naturelles et des matières premières dans les économies des sociétés anciennes.
Le programme sur les aluns du bassin méditerranéen s’inscrira dans une réflexion menée conjointement par l’EFR et la Casa de Velazquez sur « la production sociale des marchés » depuis l’Antiquité à travers l’étude du marché des matières premières (c’est-à-dire l’ensemble des produits bruts ou déjà traités entrant dans un processus proto-industriel). Alors qu’elles constituent – comme de nos jours – un élément prépondérant du commerce et de l’activité industrielle des sociétés anciennes, les matières premières n’ont pas toujours reçu, en fonction des époques historiques, l’attention qu’elles méritent : pour le Moyen Âge les travaux de recherche ont porté davantage sur le commerce des produits manufacturés. La production et le commerce des matières premières (métaux, pierre, produits manufacturés en terre cuite…) sont sans doute mieux connus pour l’Antiquité ; mais il manque encore de véritables synthèses. Notre objectif est de privilégier l’étude de deux types de matières premières dans l’Antiquité et le Moyen Âge : les métaux précieux et l’alun qui en raison de leur rareté relative et de leur caractère précieux à l’échelle de l’Occident, ont suscité une attention soutenue, parce qu’ils ont généré des traces documentaires importantes, littéraires, épigraphiques, archéologiques, qui permettent de multiples croisements. Pour autant, l’enquête pourrait être élargie, à terme, à d’autres matières premières, ne serait-ce que pour permettre des comparaisons ; ainsi, par exemple, aux roches nobles, comme le marbre, ou encore au bois. Plusieurs pistes seront développées : Quelles matières premières dans les sociétés anciennes ? Quelles sont les formes du stockage et de la circulation des matières premières (notamment à travers l’étude des magasins portuaires, des entrepôts sur les lieux de
production ou de consommation des matières premières, des conditionnements des modes de
transports)? Quelles matières premières font-elles l’objet d’un commerce ? Existe-t-il un marché des
produits les plus modestes ou communs (comme par exemple les argiles indispensables à la
céramique) ? Qu’est-ce qui conditionne l’échange des matières premières, leur commerce ? Leur rareté, leur mobilité ? Quel impact les lieux de production ont-ils sur le commerce ? Les enjeux politiques, économiques ? Quels acteurs sont mobilisés dans l’échange des matières premières ? Quelle place accorde-t-on aux producteurs ? de quels types d’informations disposent-ils pour construire leur connaissance des produits, des besoins ? Quels sont les réseaux qui ont été mis en place ? Comment fonctionnaient-ils ?

Partenaires

Casa de Velazquez ; université de Tours – CESR ; universidad de Castilla-La Mancha ; università di
Siena ; La Sapienza Università di Rom

Calendrier des opérations

  • 2012 : après un premier séminaire de pilotage en 2012 destiné à guider le projet pour le répondre à un appel d’offre européen ; plusieurs séminaires consacrés aux thèmes suivants : « structures de production », « lexique des modes de désignation de l’alun », « archéologie environnementale », « réseaux d’affaires », « usage de l’alun », « la notion de concession (minière) » dans une perspective à la fois juridique, sociale, anthropologique, « les usines à la Renaissance », « la circulation, le stockage et la distribution des produits pondéreux », « l’Église et la mine ».
  • 2013-2014-2015 : ateliers organisés à Rome, à Madrid et à Venise sur: la place des aristocraties antiques et médiévales dans la mise en place et le développement des marchés des matières premières ; le commerce à longue distance et économie de marché ; pouvoirs et marché des matières premières.
  • 2016 : atelier doctoral puis colloque « Antiquité-Moyen Âge » consacrés aux marchés en relation avec l’exploitation des ressources naturelles et la transformation des matières premières

Participation EFR

  • partenaire
  • éditeur

Résultats attendus

  • publications d’articles dans des revues scientifiques à l’occasion des différentes étapes du programme (notamment les MEFRM)
  • publication, à moyen terme, d’un ouvrage de synthèse comprenant différents chapitres réalisés par des contributeurs investis dans le projet

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Contacts :

 

Prochaines manifestations et actualités

PROGRAMMES

Programmes structurants (2022-2026)

Axe 1 – Espaces maritimes, littoraux, milieux insulaires

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets financés par l'Agence nationale de la Recherche (ANR)

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projet franco-allemand financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets européens (Horizon 2020)

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

Projets Impulsion

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

 

 
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