Programme PerformArt

Promoting, Patronising and Practising the Arts in Roman Aristocratic Families (1644-1740). The Contribution of Roman Families’ Archives to the History of Performing Arts

Consolidator Grant de l’European Research Council dans le cadre d’Horizon 2020 - Host Institution: CNRS (Centre d’études supérieures de la Renaissance, Tours) - Partner: École française de Rome

Porteur du projet : Anne-Madeleine Goulet (CNRS)

Calendrier du projet : du 1er septembre 2016 au 31 août 2022

 

Présentation

Le projet porte sur l’histoire matérielle, sociale, économique et politique des arts du spectacle à Rome entre 1644 et 1740. Nous avons cherché à déplacer l'attention des commissions papales pour l'art et l'architecture vers les nombreux spectacles de théâtre, de musique et de danse commandités par les principales familles aristocratiques de l'époque. Jusque-là, la recherche s'était concentrée sur le mécénat spécifique d'un pape, d’un cardinal ou d’un prince particulier. Notre objectif a été de remplacer cette approche fragmentée par une vision plus large de la scène culturelle romaine, qui ne privilégie pas un art en particulier, mais qui considère plutôt la musique, le théâtre et la danse comme des éléments d’un même environnement artistique. Nous nous sommes concentrés sur onze familles, soit environ la moitié des grandes familles aristocratiques romaines de l’époque : les Aldobrandini, Borghese, Caetani, Chigi, Colonna, Lante della Rovere, Orsini, Ottoboni, Pamphilj, Ruspoli et Vaini. Les archives de chaque famille ont été croisées avec des archives notariales et institutionnelles, telles que celles des académies, des établissements d'enseignement et des théâtres.

La période que nous avons étudiée fut une période de concurrence intense entre les familles aristocratiques romaines, qui rivalisaient entre elles pour obtenir une influence politique par le biais du mécénat artistique. Dans ce contexte, les arts étaient un vecteur d'action politique. L’étude commence en 1644, avec l'élection du pape Innocent X après le règne du pape Urbain VIII (que nous avons délibérément laissé de côté puisque les arts du spectacle de cette période ont déjà été étudiés en profondeur) ; elle se termine en 1740, avec la mort d’un mécène fameux, le cardinal Pietro Ottoboni. Cette date marque la fin de ce que l'on appelle le « petit népotisme », qui désigne la tendance de certains pontifes à favoriser des proches, souvent leurs neveux, pour les nominations politiques.

PerformArt s’est articulé autour de trois axes de réflexion :

  1. Comment transformer des textes, objets, faits, institutions et individus très divers en données exploitables ?
  2. Comment relever le défi d'écrire l'histoire des spectacles passés, qui n'ont laissé que des traces fragmentaires ?
  3. Comment analyser l'économie des spectacles du XVIIe et du XVIIIe siècle à travers des catégories propres à leur époque, sans leur imposer le prisme déformant de notre vision moderne ?

Notre enquête archivistique a permis de documenter plusieurs centaines d’« événements-spectacles » dans la Rome du XVIIe et du XVIIIe siècle. L’analyse de milliers de documents comptables et de leur rôle dans le processus de production, l’identification des opérations que ces documents enregistraient et la reconstitution du système bancaire qui permettait aux familles de financer leurs spectacles ont apporté la preuve que ces productions étaient au cœur des activités sociales de l’époque. Le projet a ainsi contribué à une meilleure compréhension des dynamiques de légitimation politique par la richesse et les arts, qui constituent l’épine dorsale des histoires familiales des élites romaines. Notre approche, fondée sur le concept critique de performance, a également mis en lumière un réseau étonnamment diversifié d’acteurs, interconnectés sur le plan familial, amical et professionnel. Les « événements-spectacles », qui nécessitaient des soutiens financiers et techniques variés jusqu’ici largement méconnus, déclenchaient une cascade d’activités, lesquelles impliquaient un grand nombre d’artisans spécialisés et généraient une véritable économie du spectacle dans la ville. L’analyse comparative d’études de cas très divers a permis de mettre en évidence, sinon un modèle, du moins une stratégie de fonctionnement commune aux grandes familles. L'étude de la scène romaine des arts du spectacle au XVIIe et au XVIIIe siècle à travers les archives familiales a finalement offert des comparaisons intéressantes avec l'activité culturelle contemporaine. Elle a ouvert des perspectives de réflexion sur des thématiques aussi diverses que la naissance de l'esprit d'entreprise, la notion de consommation culturelle, la quête de légitimité ou encore l'importance des transferts culturels à l'échelle européenne.

Mots clés

Théâtre ; musique ; danse ; arts du spectacle ; histoire sociale des spectacles ; Rome ; mécénat ; collections ; histoire de la noblesse ; archives familiales ; histoire de la famille ; transferts culturels

Chiffres clés

L’équipe est constituée de 31 personnes :

  • 22 chercheurs
  • 4 archivistes
  • 2 experts en matière d’archives
  • 1 informaticien
  • 2 personnels administratifs

Résultats

  • 12 séances de séminaire de recherche interdisciplinaire, dont 9 ont eu lieu à l’EFR
  • 10 ateliers consacrés au développement de la base de données
  • 3 journées d’étude liées aux axes de recherche thématiques
  • 1 colloque international qui s’est tenu à Lisbonne (septembre 2019)
  • publication de deux ouvrages : 
    • Anne-Madeleine Goulet, José María Domínguez et Élodie Oriol (dir.), Spectacles et performances artistiques à Rome (1644-1740) : Une analyse historique à partir des archives des familles aristocratiques, Rome, Collection de l’École française de Rome, 2021 (https://books.openedition.org/efr/16344
    • Anne-Madeleine Goulet et Michela Berti (dir.), Noble Magnificence : Cultures of the Performing Arts in Rome, 1644-1740, Turnhout, Brepols, à paraître.
  • mise en ligne de la base de données PerformArt, qui rassemble toutes les données significatives recueillies dans le cadre du projet (accès public à partir de début 2023: performart.huma-num.fr). Tables principales: Documents (5891), Realia (279), Iconographie (225), Personnes (7808), Collectivités (261), Œuvres (1604), Lieux (1229), Événements (2476), Bibliographie (657), Thésaurus (2286). Liens établis: 66596.
  • développement d’un thésaurus en collaboration avec le Nuovo Soggettario de la Bibliothèque nationale centrale de Florence
  • enregistrement de deux CD :
    • Bernardo Pasquini, L'Ombra Di Solimano, Cantatas For Bass and Continuo, par la Capella Tiberina (Alexandra Nigito : clavecin ; Lisandro Abadie : basse), Brilliant Classics, 2022. Enregistrement réalisé au Museo Civico de Trévise sur un clavecin de Mattia De Gand (Rome, ca. 1685), restauré en 2017 par Graziano Bandini.
    • Ercole Bernabei, Concerto madrigalesco a tre voci diverse (Rome, 1669), par l’ensemble Faenza (dir. Marco Horvat), EnPhases, 2023. Enregistrement à l’Église Notre-Dame de Trédrez-Locquémeau. Concert de sortie prévu le 15 avril 2023 (Christuskirche - 25, rue Blanche - 75009 Paris).
  • les membres de l’équipe ont participé à de nombreuses manifestations scientifiques en Italie, en France, en Espagne et au Portugal. Nous avons fait connaître nos activités de recherche par divers moyens (un site web, des émissions de radio, plusieurs articles dans la presse spécialisée, un poster, des programmes imprimés pour chaque séminaire, un compte Facebook, etc.).
  • l’ensemble des manifestations scientifiques ont fait l’objet de comptes rendus, disponibles ici : performart-roma.eu/it/calendario/.

Contacts

Pour contacter l'équipe du projet : formulaire de contact en ligne →

Page mise à jour le 10/01/2023

Laboratoire International Associé (LIA)

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