Remployer, recycler, restaurer, études réunies par Mathilde Carrive

Collection de l'École française de Rome 540

Lors des fouilles archéologiques, c’est le plus souvent sous forme fragmentaire que l’on retrouve les décors peints du monde romain. Quant aux peintures découvertes en place, il était d’usage à certaines périodes de les démanteler pour en emporter ce qu’on estimait le plus digne d’intérêt. C’est à l’histoire de ces fragments que s’intéresse cet ouvrage, en interrogeant les transformations qu’ils subissent, dans leur statut comme dans leurs fonctions. Il était en effet courant, dans l’Antiquité, de remployer les revêtements détruits comme matériau de construction, pour combler des structures, réaliser des niveaux de préparation de sol ou encore servir dans le blocage – voire dans les parements – de murs. Ils perdaient alors leur fonction décorative, qu’ils retrouvent par la suite entre les mains de l’archéologue qui tente de les reconstituer. Si la recherche a beaucoup progressé aux cours des dernières décennies sur la reconstitution et l’étude des décors qui nous sont parvenus à l’état fragmentaire, elle a néanmoins prêté peu d’attention aux fragments en eux-mêmes, devenus un temps matériaux de remploi ou simples gravats. C’est précisément cette deuxième vie, tout aussi riche d’informations que la première sur les pratiques de la société romaine, qui est éclairée dans la première partie de l’ouvrage. Le statut, esthétique et symbolique, du fragment a également évolué au cours de l’histoire : témoignage du monde antique arraché à l’œuvre de l’homme et du temps, son incomplétude peut grever l’intérêt qu’on lui porte ou au contraire lui donner un caractère d’autant plus précieux que menacé. La seconde partie s’intéresse ainsi à l’évolution du statut du fragment de décor et de son traitement aux époques moderne et contemporaine. L’ambition est ainsi de participer à une réflexion plus large sur les pratiques de construction anciennes et sur les méthodes de restauration et conservation modernes et contemporaines.

 

Ancienne membre de l’École Française de Rome, Mathilde Carrive est actuellement Maîtresse de Conférences en Histoire de l’Art et Archéologie Antiques à l’Université de Poitiers. Elle est spécialiste du décor et de l’architecture dans le monde romain.

 

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Pubblicato il 29/11/2017 - Ultimo aggiornamento il 29/11/2017
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