« Inscrite dans mes réflexions actuelles sur les concepts, la circulation normative et la mémoire du passé colonial, cette recherche porte sur l’instrumentalisation du « mythe de Rome », par la propagande fasciste, dans l’édification de l’empire colonial italien. Empire restreint tant du point de vue territorial que temporel, l’Italie fait de la Rome antique, et de son droit, un facteur de fierté légitimant sa place de puissance coloniale dans le panorama européen et mondial. L’analyse des archives, et notamment des fonds de l’Ex Ministero Africa Italiana, devra ainsi permettre de comprendre comment l’Italie, sur la base de ses ancrages romains, fonde un empire et parvient à élaborer sa législation coloniale. Plus précisément, l’objectif est de montrer, en interrogeant les archives coloniales, la manière dont le régime fasciste s’approprie les concepts politiques et juridiques de l’ancienne Rome en les requalifiant à la lumière des intérêts de l’époque et en en modifiant le contenu au vu des logiques africaines locales. Ces recherches, en plus d’approfondir mes préoccupations scientifiques actuelles, devraient également contribuer et enrichir la rédaction d’un ouvrage, actuellement en cours, sur les postures épistémologiques en histoire du droit colonial. »

Docteur d’une thèse intitulée L’eau et le droit en Afrique aux XIX^e et XX^e siècles. L’expérience de la colonisation française, Monica Cardillo est spécialiste du monde colonial et s’intéresse à la fabrication du droit en contexte colonial, à ses interactions avec les droits locaux et aux ruptures et/ou continuités. Elle travaille sur les questions liées à l’eau en Afrique et sur les liens et les conflits entre normes nationales/traditionnelles, formelles/informelles. Elle privilégie une approche anthropologique du droit dépassant les frontières classiques européennes et favorisant d’autres formes de normativité, permettant une gestion pacifique et consensuelle, en l’occurrence, de l’eau. Très investie dans les débats nationaux et internationaux actuels, Monica Cardillo est membre et administratrice de plusieurs organismes comme, par exemple, l’Associazione per gli Studi Africani in Italia ou la Société des Amis de l’Académie des sciences d’outre-mer.