Séminaire de lectures en sciences sociales de l’École française de Rome (1) - 17 janvier 2017

Rome, EFR

Il 17/01/2017 dalle 10 h 30 alle 14 h 00

Première séance du séminaire sur le thème "Fiction et art de la mémoire : peut-on se souvenir de choses qui n’existent pas ?"

Fiction et art de la mémoire : peut-on se souvenir de choses qui n’existent pas ?

Le séminaire de lectures en sciences sociales de l’École française de Rome s’intéresse, cette année, aux relations complexes qui se nouent entre le discours historique et le discours fictionnel. En définissant assez simplement la fiction comme l’invention d’un récit, cette première séance se contentera de partir des questions élémentaires que se pose l’historien face à ses sources : ce qu’elles lui donnent à lire peut-il être tenu pour vrai ? Les acteurs, auxquels l’historien s’intéresse, se racontent-ils des histoires ?

Ces questions surgissent avec une acuité particulière, lorsque l’historien se confronte aux récits hagiographiques qui mettent en scène la vie des saints. Ces ressources documentaires s’avèrent en effet doublement intéressantes : d’une part, parce que relevant du genre historique, les Vies de saints doivent certifier l’authenticité d’un culte et demeurent, à ce titre, étroitement rivées à un contexte référentiel ; d’autre part, parce que répondant à un impératif d’édification, teintant de merveilleux les miracles racontés, devant asseoir le temps présent à un mythe des origines ou à une mémoire, et souvent portées par des traditions orales, elles s’autorisent une certaine inventivité ou une certaine créativité.

Ainsi ces documents révèlent-ils de multiples problèmes épistémologiques. La science hagiologique a cherché à mettre de l’ordre au sein de cette documentation médiévale buissonnante, qu’elle soupçonnait, en plus de lui reprocher des défauts stylistiques, d’affabulation. La discipline historique et l’entreprise critique qui l’accompagne se sont donc construites contre cette pratique édifiante de l’écriture de l’histoire pour y faire la chasse à la fable, à la légende, à l’apocryphe, tout en essayant de ne pas dénier au récit hagiographique le statut de document d’une réalité historique ou d’un univers de croyance.

Cette première séance de séminaire adaptera en somme aux sources hagiographiques la question que se posait Paul Veyne : les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Comment peut-on en définitive construire des rites ou des cultes et y adosser une mémoire autour de figures partiellement fictives, voire totalement chimériques ? Qu’est-ce que la fiction pourrait bien apporter à l’élaboration de cette mémoire rituelle ? On nourrira à cet effet la discussion de deux études de cas issus de l’hagiographie de l’Éthiopie médiévale, mais aussi de traditions orales de Papouasie Nouvelle-Guinée.

Organisée par Florent Coste et Olivia Adankpo, la discussion, ouverte au public, aura lieu le mardi 17 janvier, à 9h30, École française de Rome (Piazza Navona, 62), dans la salle de séminaire (rez-de-chaussée, au fond de la cour).

Les textes discutés seront :

  • Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, Paris, Seuil, Des Travaux, 1983.
  • Carlo Severi, Le principe de la chimère. Une anthropologie de la mémoire, Paris, Éditions de la Rue d’Ulm Musée du Quai Branly, Aesthetica, 2007.
  • Claire Bosc-Tiessé, Marie-Laure Derat, De la mort à la fabrique du saint dans l’Éthiopie médiévale et moderne, dans Afriques [en ligne], 03 | 2011, URL : http://afriques.revues.org/1076
  • Alain Boureau, « L’église médiévale comme preuve animée de la croyance chrétienne », Terrain [en ligne], 14, mars 1990, URL : http://terrain.revues.org/2974

 

Categorie : Membres et personnel scientifique La recherche
Pubblicato il 13/01/2017 - Ultimo aggiornamento il 07/01/2019
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