Marie Lucas

Doctorat 

« Religion et hérésies dans la pensée d’Antonio Gramsci », sous la direction de Romain Descendre. Soutenue à l’ENS de Lyon le 22 septembre 2023.

L’ensemble des écrits d’Antonio Gramsci est traversé par une réflexion sur la religion. Ce travail propose une étude historico-critique de ses sources et contextes, depuis l’arrivée à Turin (1911) jusqu’aux dernières notes de prison (1935). L’analyse du Concordat de 1929, interprété par Gramsci comme une « capitulation » devant l’Église, signale aussi l’importance historique de la Compagnie de Jésus en Italie. On voit alors émerger les catégories politiques gramsciennes (hégémonie, État intégral, société civile) au fil d’une lecture des encycliques de Pie XI et de la « pensée sociale » catholique. En contre-point, Gramsci forge une idée positive de religion, sur le modèle de la Réforme protestante. Il cherche ainsi à inscrire le marxisme, interprété en termes de philosophie de la praxis, dans une histoire italienne des hérésies, tendue vers la réalisation d’une « religion supérieure ».

Projet de recherche post-doctoral

« Ce qui circule dans l’affrontement : marxistes, cattocomunisti et jésuites en Italie (1920-1970) »

Mon projet retrace l’histoire politique et intellectuelle des rapports entre communistes et catholiques en Italie jusqu’aux années 1970. Les échanges lexicaux et conceptuels entre adversaires révèlent combien ces forces ont, dans l’affrontement, lié étroitement leurs sorts. Les instruments de la « philologie politique », alliant traduction, historicisation précise des textes et des concepts et études sémantiques, permettent de reconstituer les débats politico-religieux en Italie, entre Ventennio fasciste et fin du « compromis historique » de Berlinguer. J’approfondis les contagions politiques et intellectuelles, les emprunts langagiers et conceptuels entre trois foyers militants : marxistes, cattocomunisti, jésuites. Cette étude se fonde sur des textes, imprimés et inédits, allant des élaborations philosophiques raffinées de femmes et d’hommes de parti aux productions institutionnelles les plus organiques (presse, brochures et propagande du PCI et de l’Église).

Participation à des projets et collaborations scientifiques 

• Membre fondateur et présidente de l’association IGS-France (société gramscienne française)
• Co-organisatrice avec Héloïse Faucherre-Buresi du colloque international « Sud de l’Italie et folklore, entre subalternité et rébellion de l’Unité aux années 1950 », ENS de Lyon, 7-8 novembre 2022, publication en cours dans la revue Laboratoire italien (2024)