Cimitero di Atella, Atella - Basilicate, Italie

Le peuplement de l’Europe au Paléolithique ancien : sociétés et environnement

Fouilles de l'École française de Rome depuis 2017. Projet actuellement en cours dans le cadre du programme de recherche PALEO (2022-2026).

Le site de Cimitero di Atella se trouve dans la province de Potenza en Basilicate. Situé au sud de la ville d’Atella, ce gisement paléolithique est distant d’environ 10 km du mont Vulture, volcan aujourd’hui éteint. Il a été découvert par le professeur Edoardo Borzatti (Université de Florence) dans les années 1990 et fouillé pendant une vingtaine d’années. E. Borzatti a dirigé les fouilles sur une zone d’environ 30 m² et proposé la première chrono-stratigraphie du site. C’est lui qui, le premier, a daté le gisement d’Atella du Paléolithique ancien (environ 600000 ans). Lors de ces fouilles, deux niveaux principaux ont été identifiés : le niveau F, comportant la majorité du matériel lithique, et le niveau L. Le nombre important de bifaces provenant du premier niveau a permis d’affiner la datation du gisement à l’Acheuléen ancien. Des restes d’animaux ont également été retrouvés, parmi lesquels deux défenses d’éléphant (Palaeoloxodon antiquus). 

En 2015, après plusieurs années d’arrêt, l’EFR a relancé des fouilles et un programme de recherche a pris le relais en 2017 avec des campagnes de terrain annuelles. Une équipe franco-italienne travaille sur le site en suivant une approche pluridisciplinaire mêlantarchéologie, géochronologie, études paléoenvironnementales et paléoclimatiques. Le programme de recherche mené repose sur des activités de terrains et sur l’étude du matériel issu des fouilles passées et en cours, mais aussi sur la protection et la valorisation du site.

Vue du site en 2021
Petit outil en silex découvert au sein du niveau L en 2022
Nouvelle structure de protection du site installée en 2022
Petits outils en silex en cours de fouille en 2023

Les premières missions (2015 et 2016) avaient permis de reprendre l’étude du contexte chrono-stratigraphique et de corroborer la datation proposée par E. Borzatti. L’occupation du site Cimitero di Atella, aux alentours de 600 000 ans, intervient après la première vague de peuplement de l’Europe (1 million d’années) et au moment de l’apparition du biface en Europe méditerranéenne (entre 700000 et 500000 ans). L’occupation du site correspond donc à un moment crucial pour les dynamiques de peuplement du continent. Cimitero di Atella s’inscrit dans un ensemble d’autres gisements de l’Italie centrale et méridionale qui portent des traces précoces d’innovations techniques au Paléolithique ancien (entre 1,4 million et 300 000 ans). Cette zone pourrait avoir joué un rôle précurseur à l’échelle méditerranéenne et européenne. À Atella, trois chaînes opératoires ont été identifiées : une chaîne de confection de « petits outils », une chaîne de débitage et une chaîne de confection de « macro-outils » type bifaces. 

Au cours de la mission 2020, des traces d’occupations historiques du site, aux époques antique et médiévale, ont été mises au jour. Il s’agit principalement de tessons de céramique retrouvés dans la partie supérieure de la séquence stratigraphique étudiée.  

Enfin, un pan important du travail mené à Cimitero di Atella est dédié à la valorisation et la protection du site grâce au projet ”Atella Museo diffuso”. Au cours de la mission 2020, l’une des deux défenses d’éléphant, présente sur le site depuis plus de trente ans, a été prélevée. Elle a été restaurée afin de pouvoir être extraite, transportée puis exposée dans le musée fraîchement aménagé dans le centre du village d’Atella. L’ouverture de ce parcours muséographique a permis une meilleure valorisation du site auprès du grand public. Par ailleurs, la structure métallique aménagée sous la direction de E. Borzatti pour protéger la zone de fouille a été remplacé en 2022 par une nouvelle construction assurant une meilleure conservation des vestiges et offrant un espace de travail plus sécurisé pour les archéologues. À l’occasion de son aménagement, la zone de fouille a été étendue pour atteindre désormais environ 250 m².

 

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