Atelier doctoral du programme GOUVILES. Pratiques d’enquête en terrain insulaire et maritime (XVIe -XXIe siècles)
Rome, École française de Rome, 14-17 février 2023
Des isolari de la Renaissance à l’islandness ou « l’îléîté » des sciences sociales contemporaines en passant par la « nissologie » des années 1980, les îles génèrent depuis longtemps une importante littérature scientifique qui les présentent parfois comme des espaces périphériques, marginaux voire mythiques, attisant la curiosité et la convoitise. Dès l’Antiquité grecque et romaine en Méditerranée, les discours sur les îles exaltent leur caractère singulier, les définissant comme des lieux hors du temps et même parfois sans histoire, ou encore comme des lieux capables de se suffire à eux-mêmes. Ce type de récit s’accompagne souvent de la volonté de faire des îles des espaces à explorer, à coloniser, à exploiter, et ce phénomène s’accélère au XVIe siècle en dépassant le cadre de la Méditerranée. Ainsi, les relations de ces territoires insulaires avec la mer sont complexes, cette dernière étant à la fois envisagée comme un espace-ressource et comme une zone de danger favorisant l’arrivée de nouveaux arrivants, de violences, et de formes de domination. Comment s’effectue la mise en ressources de ces territoires entre terre et mer ? Comment les modes d’organisation et d’administration de ces sociétés insulaires sont-ils élaborés et quelles sont les évolutions de ces derniers sur le temps long ? Comment s’articulent les savoirs locaux et les savoirs administratifs utilisés pour l’organisation et à l’exploitation des milieux insulaires et maritimes ?
L’histoire est les sciences sociales ont souvent envisagé les îles comme des laboratoires d’expériences. D’une part, de grandes enquêtes sont menées dès le XVe siècle par des administrateurs extérieurs dont l’ambition est de connaître les îles, leurs ressources, leur localisation en vue de possible formes d’exploitation. D’autre part, les archives juridiques révélent un ensemble de conflits d’usages, mais aussi de conceptions différentes voire opposées de ces territoires insulaires. Qu’il s’agisse d’enquêtes ou de procès, ces sources permettent des analyses attentives aux modes de gouvernement des îles et des archipels, à la mise en ressources des espaces maritimes et terrestres, aux savoirs locaux des habitants parfois confrontés à des visions importées dans ces lieux. Cette importante production d’archives permet aujourd’hui aux chercheuses et chercheurs d’analyser des sociétés insulaires complètement transformées par l’inclusion des territoires dans des entités politiques plus larges.
Cet atelier doctoral se propose de réfléchir aux sociétés insulaires et maritimes entre le XVIe siècle et le XXIe siècle, en montrant toute les richesses heuristiques et méthodologiques que les sciences sociales développent actuellement. Certaines recherches récentes démontrent par exemple que d’autres traces et archives sont possibles pour étudier ces milieux insulaires et maritimes, appréhendés de manière interdisciplinaire. Pour l’analyse des milieux maritimes, le recours à la biologie marine permet ainsi de réfléchir à l’exploitation des espèces halieutiques sur un temps long dans les îles de Méditerranée orientale. De même, l’archéologie sous-marine a démontré récemment en Adriatique tout le potentiel qu’il y avait à croiser documentation disponible avec l’analyse d’épaves sous-marines. Ainsi, la mise en connexion de ces sources abondantes, mais également la prise en considération d’archives de natures différentes, exploitées selon une méthodologie originale, seront valorisées dans cet atelier doctoral qui placera au cœur des réflexions les sociétés et les milieux insulaires, envisagés sur un temps long.
Déroulement de l’atelier
Les journées s’articuleront entre des ateliers de lecture organisés par les formateurs et les formatrices le matin, la présentation des dossiers d’archives des doctorantes et doctorants l’après-midi et la visite de certains sites au cœur de nos réflexions (une visite de l’Archivio di Stato di Napoli est prévue) Les participantes et participantes sont tenu.e.s d’assister à l’ensemble des ateliers, présentations et excursions.
L’atelier doctoral accueillera des doctorantes et doctorants de toute nationalité travaillant sur des terrains insulaires. La formation, les déjeuners et le logement seront assurés par le l’École française de Rome. Le transport jusqu’à Rome reste à la charge des participantes et participants, qui sont invité.e.s à solliciter le soutien de leur(s) institution(s) de rattachement.
Dossier de candidature
Lors de l’atelier, il sera demandé aux doctorantes et doctorants de présenter un aspect de leur recherche en insistant sur les pratiques d’enquête envisagées ou mises en œuvre originales par le corpus sélectionné ou par la méthodologie utilisée. Les candidates et candidats doivent être inscrit.e.s en doctorat dans une université au moment de l’atelier.
Les langues de l’atelier doctoral sont le français, l’italien et l’anglais.
Le dossier de candidature comprendra deux pièces jointes suivantes à attacher directement au formulaire en ligne avant le 1er novembre 2022 en format pdf :
- Champs « lettres » (un seul pdf)
- Une lettre de recommandation
- Une lettre de motivation
- Champs « CV » (un seul pdf)
- Un curriculum vitae (maximum 3 pages)
- Un titre et un résumé de l’intervention envisagée (maximum 3000 signes espaces compris)
Organisation et comité scientifique : Laura Pettinaroli (École française de Rome), Solène Rivoal (Université Champollion Albi), Giampaolo Salice (Università degli studi di Cagliari), Anthony Santilli (Università degli Studi di Napoli l’Orientale - Aix-Marseille Université), Hugo Vermeren (Université Paris I Panthéon-Sorbonne – IC Migrations)
https://gouviles.hypotheses.org/
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Formulaire de candidature / Modulo di candidatura
Illustration : “Plan géométrique de l’île de la Galita, levé par le capitaine Lazare Giove d’Ajaccio” (redessiné par Barthélémy Benoist, ca 1815).