. L’impact des violences politiques et sociales sur la démocratie italienne

  • Responsable : Marie-Anne Matard-Bonuccci (Université de Paris 8 Vincennes-Saint Denis) et Patrizia Dogliani (Università degli studi di Bologna)

Axe 4. Le laboratoire politique et social italien

Responsables

  • Marie-Anne Matard-Bonucci (Université de Paris 8 Vincennes-Saint Denis)
  • Patrizia Dogliani (Università degli studi di Bologna)

 

Présentation

Longtemps minimisée par une historiographie attachée au mythe du « bravo italiano », la violence apparaît comme une caractéristique majeure de l’Italie contemporaine. Partie prenante d’une Europe « à feu et à sang », au cours du XXe siècle l’Italie a expérimenté certaines formes de violences plus spécifiques, du fascisme au terrorisme en passant par une « question mafieuse » dont elle eut longtemps le monopole. De nombreux travaux, depuis une quinzaine d’années, ont permis de prendre la mesure de telles manifestations. Certaines recherches ont été consacrées aux violences de guerre, aux massacres de militaires et de civils survenus pendant la Seconde guerre mondiale et aux différentes formes de violence coloniale. Plusieurs historiens se sont emparés de la question de la criminalité organisée et plus récemment des années de plomb.

Il ne saurait être question de « naturaliser » une quelconque disposition de l’Italie pour la violence pas plus qu’on ne saurait essentialiser ses différentes manifestations, chacune étant le produit de contextes politiques, sociaux et parfois régionaux bien spécifiques, impliquant des acteurs de nature différente. Sans ignorer une telle pluralité, le projet présenté ici vise à considérer ces violences dans une perspective diachronique et transversale, en se situant du point de vue de leur impact sur les processus démocratiques.

Comment les forces politiques et les institutions des régimes démocratiques ont-elles composé avec les phénomènes de violence politique et sociale dans l’Italie libérale et républicaine ? Comment les Italiens ont-ils affronté ces violences dans le respect (plus ou moins strict) des valeurs démocratiques ? Dans quelle mesure certaines pratiques nées dans le contexte des guerres ont-elles été réutilisées dans certaines situations d’urgence pour combattre des ennemis de nature différente ? Comment certains secteurs de la société se sont-ils mobilisés contre certaines formes de violence (politique ou criminelle) mais aussi pour défendre les principes démocratiques ?

Il conviendra de réfléchir sur les mécanismes de sauvegarde nés de tels contextes dans un difficile équilibre entre lois d’exception et respect du droit, entre répression et maintien des libertés fondamentales, dans une perspective de longue durée. Si l’affirmation d’une culture politique du « garantismo » apparaît bien comme une spécificité de l’Italie républicaine, il conviendra d’identifier les différentes étapes institutionnelles et politiques qui l’ont constituée et la multiplicité des traditions intellectuelles qui s’y rejoignent.

En comparant l’impact de phénomènes de violence de nature différente, on interrogera le fonctionnement même du jeu démocratique en repérant des attitudes et fonctionnement récurrents (ou divergents). On mettra au jour, dans certains cas, l’existence d’expériences cumulatives de résilience et de résistance à la violence au sein de la société civile, de l’antifascisme à la mobilisation « antiterroriste » des années de plomb ou à l’antimafia. De même, il conviendra d’examiner dans une perspective comparative les stratégies des partis politiques et des institutions. Les méthodes mises en oeuvre dans la lutte contre le terrorisme ont été en partie réutilisés contre la mafia, combats menés parfois par les mêmes hommes (du général Dalla Chiesa au juge Caselli), au moyen des mêmes armes (utilisation de la figure des repentis, organisation de procès collectifs etc). En 2007, l’instauration d’une loi mémorielle célébrant lors d’une même journée « les victimes de la mafia et du terrorisme » apparaît comme particulièrement emblématique d’un tel processus.

 

Axe 1 : D’une violence l’autre

Il conviendra, en premier lieu, en guise de prémisses méthodologiques, d’analyser les différentes formes de violence dont l’Italie fut le théâtre dans une perspective comparative : réflexion déjà engagée (quoique de manière encore limitée) s’agissant des guerres mais qui reste encore entièrement à mener s’agissant des différentes formes de violences politiques (des attentats anarchistes de la fin du XIXe siècle aux attentas terroristes des années de plomb en passant par les différentes formes de violence sociale du bienno rosso à l’épuration sauvage), ou dans la mise en rapports de ces violences politico-sociales avec des épisodes à matrice criminelle.

 

Axe 2 : Répression et prévention ; pratiques politiques et juridiques

Comment les partis, les institutions et certains secteurs de la société (en particulier les intellectuels) ont-ils élaboré des procédures visant à combattre et à neutraliser les différentes formes de violence dans l’Italie libérale et républicaine. Quels furent les grands débats institutionnels et juridiques et les grandes controverses autour de l’Etat de droit face à la violence ? Dans quelle mesure le débat public a-t-il été structuré par les clivages traditionnels, politiques ou syndicaux?

 

Axe 3 . Résilience : Identité démocratique et violence

Dans quelle mesure, l’identité démocratique de l’Italie, avec ses forces et ses faiblesses, a-telle été modelée en réaction à ces épisodes de violence. Ce troisième temps de la réflexion se situera au niveau mémoriel et symbolique : commémorations, associations de victimes, publications, médiatisation, rituels, martyrologes etc. Si de nombreux travaux ont été réalisés (ou sont en cours) autour de la mémoire des guerres, des violences contre les civils et de la Shoah, les épisodes de violence propre à l’Italie républicaine n’ont guère été appréhendés. Il s’agira d’étudier la dimension mobilisatrice de la mémoire en tant que lien social et support de mobilisations politiques. On observe en Italie - mais aussi dans d’autres pays d’Europe - l’émergence d’une identité démocratique construite autour de figures de victimes particulièrement emblématiques, chacune d’entre-elles ayant engendré son lot de rituels constitutifs d’une « religion civile », de la mémoire de la Shoah à celle des victimes des héros de l’antimafia.

 

Partenaires

  • CRHIPA (Université de Grenoble)
  • Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis
  • Università degli studi di Bologna

 

Calendrier des opérations

 

  • Constitution d’une base de données bibliographique raisonnée et critique, éventuellement mise en ligne
  • Séminaire méthodologique (2 séances par an) : ce séminaire réunira l’équipe la plus étroitement impliquée dans le projet élargi à certains chercheurs en fonction des thèmes abordés. Une séance aura lieu à Rome, les deux autres dans les 2 universités partenaires
  • Organisation de deux à trois journées d’études

 

Résultats attendus

  • Constitution d’une base de données bibliographique.
  • Réalisation de deux numéros de revue (parmi les revues susceptibles d’être intéressées, Vingtième siècle, Laboratoire italien, Histoire@politique (revue en ligne), Revue d’Histoire moderne et contemporaine, MEFRIM.
  • Publication d’un livre : la collection « Italie-plurielle » des ELLUG (Université de Grenoble) pourrait être intéressée ; des contacts seront également pris auprès d’éditeur non universitaires (Perrin, Autrement, La Découverte, Il Mulino).

 

Participation de l’EFR

  • Organisation de certaines séances du séminaire et des journées d’études
  • missions de terrain

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Contacts :

 

Prochaines manifestations et actualités

PROGRAMMES

Programmes structurants (2022-2026)

Axe 1 – Espaces maritimes, littoraux, milieux insulaires

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets financés par l'Agence nationale de la Recherche (ANR)

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projet franco-allemand financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)

Axe 6 – L’Italie dans le monde

 

Projets européens (Horizon 2020)

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

Projets Impulsion

Axe 2 – Création, patrimoine, mémoire

Axe 3 – Population, ressources, techniques

Axe 4 – Territoires, communautés, citoyenneté

Axe 5 – Croyances, pratiques et institutions religieuses

 

 

 
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